Tous les articles par Eric Simard

Une femme à Berlin

Une femme à Berlin est un journal écrit entre le 20 avril et le 22 juin 1945 alors que les russes ont envahi Berlin à la fin de la guerre.
L’auteure, qui a désiré que son témoignage reste anonyme, relate avec beaucoup de retenu ce quotidien complètement démantelé. Quelle parle de la faim, de la peur ou de viol, le ton utilisé ne tombe jamais dans le sensationnalisme. C’est là que réside la force de ce texte.
Le principal intérêt de ce livre n’est pas son aspect littéraire, mais son point de vue unique qui apporte un nouvel éclairage sur les événements survenus lors de la deuxième guerre mondiale. C’est un document important comme a pu l’être celui de la secrétaire d’Hitler, Traudl Junge, lors de la parution de son journal Dans la tanière du loup.
Une femme à Berlin est disponible en folio.
Dans la tanière du loup seulement en grand format chez JCLattes.

Petite tournée d’automne express

Lus et appréciés :
Et je te demanderai la mer de Stéfani Meunier (Boréal): une écriture comme comme j’aime. C’est concis, simple et très senti. Une première incursion convaincante dans l’univers de cette auteure.
Anastasie ou la censure du cinéma au Québec de Yves Lever (Septentrion): un panorama complet de la censure au Québec des années 20 à maintenant. Intéressant et accessible. Un livre qui nous rebranche à notre fibre de cinéphile en nous redonnant le goût d’aller voir des films en salle.
Garden of love de Marcus Malte (Zulma) : une écriture éblouissante pour un univers complexe. Pour amateur de littérature un peu plus relevé.

La cité des jarres

Amateurs de la série Millénium, si vous ne connaissez pas les romans d’Arnaldur Indridason, courez chez votre libraire pour vous les procurer.
L’an dernier, j’avais lu La voix, le troisième de la série des enquêtes du commissaire Erlendur, et j’avais beaucoup aimé. Cette semaine, j’ai carrément dévoré le premier de la série La cité des jarres. C’est encore meilleur que l’autre.
Il n’y a pas de personnages aussi forts comme ceux qu’on retrouve dans Millénium, mais pour le reste, Indridason n’a rien à envier au talent de Larsson. Je dirais même que La cité des jarres est plus efficace car plus ramassé (le roman ne fait que 325 pages).
Inutile de vous en dire plus. Je vous laisse le plaisir de découvrir cette fascinante intrigue.
Si vous avez le goût d’une petite virée saisissante (et un peu glauque) en Islande, La cité des jarres vous attend.

Il y a longtemps que je t’aime

Je dois le dire d’emblée: Il y a longtemps que je t’aime ce film écrit et réalisé par Philippe Claudel m’a totalement ému. À ma grande surprise dois-je ajouté puisque l’univers romanesque de l’auteur ne m’a jamais interpelé. J’avais abandonné la lecture des Âmes grises et, à partir de cette expérience, je m’étais désintéressé de son travail de romancier.
Mais là, quel film! Kristin Scott-Thomas est plus qu’admirable dans son rôle de Juliette, une femme qui doit refaire sa vie sans en avoir réellement envie. Elle offre une performance d’une force incroyable qui vient nous chercher à tout instant.
Les autres comédiens ne sont pas en reste non plus (c’est un immense plaisir de retrouver à l’écran l’étincelante Elsa Zylberstein). Tous les personnages de ce film sont bien définis et, à différents degrés, se battent pour mieux exister.
Ce film, plein d’humanité, est un superbe plaidoyer en faveur de la vie. Les émotions qui y sont véhiculées sont toutes sauf gnan gnan.
L’univers de Claudel m’a beaucoup fait penser à celui de Laurence Tardieu. Elle aurait facilement pu signer ce scénario.
Alors, si vous avez aimé Il y a longtemps que je t’aime, allez faire un tour du côté des romans de Laurence Tardieu. Si vous aimez cette dernière, courez voir le film de Claudel.

Orphée et Eurydice

Je ne sais pas si c’est la menace des coupures dans la culture qui me donne envie d’en consommer, mais j’ai encore récidivé hier en allant voir Orphée et Eurydice version Marie Chouinard. Ceux qui me connaissent savent que je peux difficilement résister à ses créations qui sortent toujours de l’ordinaire.
Cette cinquième expérience n’a malheureusement pas été concluante. Malgré quelques trop rares moments de grâce, sa version éclatée et un peu grotesque de ce mythe célèbre a fini par me tomber sur les nerfs. J’avais l’impression de voir Orphée et Eurydice au pays des mongols (voir ici un double sens) avec un soupçon de cultures égyptienne, japonaise, techo et Ritamitsoukienne. Je vous épargne les cris et les sons de gorge bizarres faits par les danseurs tout au long de la représentation.
Oui, le grotesque finit par nous faire rire mais trop c’est trop. J’étais tout de même là pour voir un spectacle de danse et non une farce pas toujours drôle. Je ne regrette pas mon 48,50$, sauf que je me serais attendu à plus.
Selon moi, Orphée et Eurydice rate sa cible et nous apparaît comme un spectacle brouillon loin d’être achevé. Si c’est le chemin qu’a décidé d’emprunter Marie Chouinard, je ne suis pas certain de vouloir continuer de la suivre.

Vicky, Cristina, Barcelona

Le nouveau Woody Allen est tout à fait délicieux et légèrement acidulé.
On a malheureusement tendance à oublier à quel point c’est un excellent scénariste et dialoguiste.
Le quatuor d’acteurs (Scarlett Johansson, Rebecca Hall, Javier Bardem et Penelope Cruz) est un carré d’as assez impressionnant et exceptionnel.
Si vous avez aimé Un baiser s’il vous plaît d’Emmanuel Mouret, vous aimerez Vicky, Cristina, Barcelona. C’est dans le même esprit avec la naïveté en moins.

Bazzo.tv

J’adore la nouvelle formule hebdomadaire d’une heure trente de l’émission Bazzo.tv.
C’est intelligent, intéressant et ludique. C’est un feu roulant de plaisir contagieux. Marie-France Bazzo semble s’amuser comme une folle et elle n’a jamais si bien parue à l’écran.
Le club de lecture commentant Le mystérieux voyage de rien d’Antonine Maillet est un moment d’anthologie en soi.
Les émissions sont disponibles dans leur intégralité sur le site.

L’homme ralenti

J’écris très peu en ce moment car je lis tout aussi peu. C’est comme ça depuis le début de l’été. Ça me fait du bien de décrocher un peu de ce rythme un peu fou que je m’étais imposé depuis plusieurs années. Ça me permet de retrouver une certaine innocence par rapport aux livres. Je prends même plaisir à en acheter de temps à autre.
Dernièrement, j’ai surtout lu des manuscrits. C’est un tout autre aspect de la lecture. Ça commence même à déformer ma façon de lire. À force de traquer les petits défauts, on finit par les voir et le crayon à mine n’est jamais loin pour les annoter.
J’aime ce produit intérieur brut. Encore plus lorsqu’on détecte le diamant sous toutes ces couches de mots en trop.
C’est ce qui est arrivé avec Enthéos. Je suis extrêmement fier du résultat. Julie a été une élève exemplaire et son roman est une réussite. J’espère qu’il récoltera tout le succès qu’il mérite. Je me dis que ça ne peut pas faire autrement.
Après cinq lectures, elle parvenait encore à m’émouvoir.
La vérité ne peut mentir.