Au moment de me mettre au lit, il arrive que des mots se bousculent encore dans ma tête. Je ne sais trop s’ils viennent de s’y introduire ou s’ils tentent d’en sortir. À moins qu’ils ne s’y tiennent en sentinelle à toute heure du jour et de la nuit sans que je m’en rende trop compte.
Hier, j’ai tenté de m’en débarrasser avant d’aller me coucher en me livrant au jeu que voici : j’ai commencé par écrire les cinq premiers mots qui me venaient à l’esprit, puis cinq mots que je trouve beaux et enfin, cinq mots qui ne me plaisent pas.
Bergamote, jugulaire, fantasmagorie, pléthore et tintinnabulant sont les cinq premiers mots qui se sont présentés. Décidément, avec des mots pareils, j’ai bien fait de me vider l’esprit.
Quant aux cinq mots aimés, je me suis surprise à tous leur mettre des l : florilège, jouvencelle, caracole, anacoluthe et mirobolant. Le l étant une consonne liquide, ces mots sont en effet coulants, fluides, légers. Oui, c’est ça, ils ont des ailes.
Enfin, les arnaque, banque, bulldozer, brique et banqueroute me sont apparus à cette heure comme les moins sympathiques. Est-ce dû aux b et aux q, deux consonnes occlusives, ou au sens, je ne saurais le dire, mais dans un cas comme dans l’autre, ce ne sont pas des mots avec lesquels j’avais envie de dormir.
Puis, j’ai déposé ma tête sur l’oreiller. Et j’ai enfin pu rêver. Pas un mot, pas un son n’a tenu mon cerveau éveillé. Que des images plein l’écran.
Mais si, comme le veut l’adage, une image vaut mille mots, j’en conclus qu’il me reste passablement de ménage à faire pour mettre fin à mes nuits d’insomnie.
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Pour se tenir au courant
Le Bureau de la traduction de Travaux publics et Services gouvernementaux Canada diffuse des recommandations linguistiques afin d’uniformiser les façons de faire à l’intérieur de l’Administration fédérale. Vous pouvez les consulter à l’adresse suivante : http://www.translationbureau.gc.ca/pwgsc_internet/en/accueil_home_f.htm.
Vous y trouverez d’autres informations utiles, notamment «Les astuces du mois», la section des «Publications», dont plusieurs lexiques et vocabulaires gratuits, et l’on vous donne également des renseignements sur les possibilités de travaill à la fonction publique fédérale, soit pour y faire carrière ou comme pigiste.
Avant quoi?
Je ne sais s’il vous est arrivé, comme moi, de voir l’abréviation A.A., pour «avant aujourd’hui», dans des textes, principalement des textes historiques. Mais peu importe, vous aurez compris qu’elle remplace alors celle bien connue et reconnue dans tout le monde occidental, soit «av. J.-C.» (avant Jésus-Christ). Celle-ci est d’ailleurs consignée dans nombre d’ouvrages, que ce soit le Multidictionnaire, Le français au bureau, le Guide du rédacteur de l’administration fédérale, etc., ce qui n’est pas le cas de la première, que l’on ne trouve nulle part.
Probablement créée dans un souci d’éliminer toute connotation religieuse, cette récente abréviation ne peut être utilisée, toutefois, que si elle est accompagnée d’une note précisant à quoi correspond cet «aujourd’hui», par exemple : «1950», comme je l’ai déjà vu.
Même si elle n’est pas nécessairement souhaitable, puisque, outre le fait qu’elle est moins universelle, elle est loin d’être plus efficace puisqu’elle n’est pas non plus univoque, elle est linguistiquement acceptable, selon l’Office québécois de la langue française, que j’ai consulté sur ce point. Cependant, pour être conforme aux règles de l’abréviation, elle doit s’écrire avec deux minuscules et une espace entre les deux, soit : «a. a.».
Un gros ou un petit travail?
Un de mes clients hésitait dernièrement à m’offrir un travail parce que, disait-il, ce n’était guère intéressant. Même que, s’il eût été à ma place, il aurait eu envie de le refuser, m’avoua-t-il. Pourquoi donc, lui demandai-je. Eh bien, parce que le texte était divisé en 104 petits fichiers, plutôt que de faire l’objet d’un seul gros document.
Ah! Je salivais déjà! Moi qui aime mettre un point final à un travail pour pouvoir passer à un autre, puis à un autre et à un autre, voilà qu’il me donnait 104 fois cette possibilité!
J’ai même un petit rituel pour de tels délices. J’inscris, sur une feuille, le nom de tous les fichiers, que je fais suivre de points de conduite, de façon à pouvoir faire un X au bout de chaque ligne. À mesure que j’en termine un, l’inscription du X devient en quelque sorte ma récompense. En 40 heures, j’ai donc pu m’accorder 104 récompenses plutôt qu’une seule. Ce ne sont pas des gâteries, ça?
Je sais que d’autres ont le souffle plus long. Ces marathoniens, devant ce même genre de travail, ont l’impression d’être sans cesse dérangés dans leur course, qu’ils voient entrecoupée d’arrêts, plutôt que parsemée de multiples départs. Comme mon client, justement, qui fait aussi de la révision tout en accordant des contrats à la pige. Au risque de paraître bizarre à ses yeux, je l’ai donc informé, lorsque je lui ai remis mes 104 petits textes, que je raffolais de ce genre de miettes. Et vous savez quoi? Il en avait 113 autres à me proposer! Décidément, j’étais gâtée.
Mais il n’a pas que moi à s’occuper et il ne peut retenir les dadas de chacun. Aussi m’a-t-il annoncé, hier, avec entrain et peut-être même un brin d’envie dans la voix, qu’il avait un «cadeau» pour moi, du genre que lui-même aime bien recevoir, soit un bon gros document de quelque 400 pages…
Bon, je m’y prépare mentalement. Ça ne peut pas toujours être la fête, n’est-ce pas?
Mon expérience au Salon du livre
Le syndrome de l’imposteur, vous connaissez?
C’est ce que je vivais, juchée derrière une pile d’exemplaires de mon livre, mercredi, au Salon du livre de Québec. Car j’y étais comme auteure, un titre que j’avais l’impression d’usurper.
Oui, j’ai bel et bien rédigé le livre que je présentais, mais je n’avais pas l’impression que cela faisait de moi ce que l’on nomme une auteure. Pas plus que les personnes qui publient des guides de voyages, d’identification des oiseaux ou des livres de cuisine (même si leurs livres étaient là aussi).
Mais je devais jouer le jeu et j’ai tenté, du mieux que j’ai pu, de faire croire à ceux et celles qui passaient devant le stand de Septentrion que je me prenais pour une auteure. Beaucoup de jeunes n’y ont vu que du feu : ils m’ont fait signer des autographes (ça leur donnait des points à l’école). J’en profitais pour leur demander s’ils aimaient les cours de français; je n’ai obtenu qu’une seule réponse positive de la part d’une jeune fille de 4e secondaire (sur 30 à 40 jeunes environ).
N’empêche que j’ai fait de belles rencontres, Monique, entre autres, qui rêve d’exercer le métier de correctrice et qui ne savait par où commencer. Elle est repartie avec le livre sur son cœur, me disant qu’il s’agissait d’un cadeau du ciel. Je lui souhaite de persévérer et de réaliser son rêve, car elle semble avoir l’ingrédient premier : la passion. Une ex-professeure, également, qui fait de la révision à l’occasion et qui ne connaissait pas cet outil. Sans oublier les gens de Septentrion, Josée Morissette, attachée de presse fort sympathique, et Sophie Imbeault, chargée de projets et auteure (une vraie, elle). De même, le directeur de la revue Cap-aux-Diamants, Yves Beauregard, qui partage le stand de Septentrion pour l’occasion et avec qui j’ai pu discuter agréablement.
De retour chez moi, j’ai compris que mon malaise n’était attribuable qu’à une question de sémantique. Le terme «auteure» signifie femme de lettres, soit quelqu’un qui écrit des ouvrages littéraires, lorsqu’il est pris absolument. Pour que le terme me soit acceptable, donc, il suffit de lui adjoindre un complément : je suis l’auteure de La Révision linguistique en français ou d’un guide de révision linguistique. Ainsi, ça me va. J’aurais dû faire cette analyse avant de m’y rendre.
Vous avez encore jusqu’à dimanche pour rencontrer les auteurs de Septentrion et d’autres maisons d’édition. Moi, j’ai fait des provisions et je m’apprête à lire leurs livres. Une belle fin de semaine en perspective!
Invitation au Salon du livre de Québec
Vous le savez sans doute, le Salon du livre de Québec se déroule cette année du 11 au 15 avril au Centre des congrès. Les éditions du Septentrion y seront bien sûr présentes, et elles m’ont fait une petite place, comme à 25 autres auteurs. J’y serai donc le mercredi 11 avril entre 13 et 14 h; oui, je sais, en principe je devrais être au travail à cette heure, mais en pratique, je serai au Salon et, s’il vous est possible de faire de même, ce sera pour moi un grand plaisir de vous y rencontrer. À bientôt, peut-être!
Jusqu’où peut aller la solitude?
Dans Le Devoir des 24 et 25 mars derniers, Denise Bombardier écrivait ceci :
«(…) Par ailleurs, de plus en plus de gens n’ont plus de liens institutionnels dans le travail (…) la précarité de l’emploi s’impose. Finie l’appartenance à une culture d’entreprise. On est pigiste ou employé temporaire et l’on vend sa compétence à qui veut l’acheter. Renvoyé à sa solitude, on travaille pour soi, sans connaître cette satisfaction de vivre en connivence avec ses pairs au sein d’une entreprise. Ce travail en solitaire, dans l’insécurité, est en particulier le lot de nombreux jeunes à qui il serait difficile de reprocher ensuite d’être égoïstes et de ne penser qu’à eux. (…)
«Alors quand peut-on vivre avec la conscience d’être membre du corps social et avoir le sentiment aigu d’influer le cours des choses sinon dans ce geste unique de voter qui permet de détenir le pouvoir d’orienter la société qui nous contient?»
Eh bien, pour ma part, ce ne sont certainement pas les résultats des dernières élections provinciales qui ont réussi à aviver mon sentiment d’appartenance à un corps social…
Quelqu’un a-t-il d’autres suggestions?
Quelques perles
Je suis heureuse de savoir que des perles fréquentent ce blogue. En effet, Mme Larocque, dont il a été question dans une note précédente (Recherche de réviseurs à 50 $ l’heure) m’a dit, en fin de semaine dernière, avoir reçu plusieurs réponses à son invitation et avoir même trouvé des perles.
J’espère que c’est dans le bon sens, car l’on sait que ce terme peut signifier également, par antiphrase, une erreur grossière et ridicule, digne d’un sottisier. À titre d’exemples, en voici quelques-unes du domaine de l’assurance, qui ne sont pas nouvelles, mais si vous êtes comme moi, elles vous feront toujours rire (à remarquer que les fautes des réclamants y ont été laissées) :
«J’avoue que je n’aurais pas du faire demi tour sur l’autoroute avec ma caravane
mais j’avais oublié ma femme à la station service!»
«J’avoue que j’ai traversé le carrefour sans regarder s’il venait quelqu’un, mais j’étais passé à ce même carrefour, moins d’une heure auparavant et il n’y avait personne.»
«Je suivais une voiture, quand celle-ci s’est arrêtée a un feu rouge à ma grande
surprise.»
«Je n’ai guère eu le temps de voir le piéton car il a immédiatement disparu sous la voiture.»
«Je vais prêter ma voiture à quelqu’un qui ne sait pas trop s’en servir, mais avant
pouvez-vous me confirmer que vous payerez les pots casses pour les accidents qu’il ne manquera pas de provoquer?»
«J’ai été heurté de plein fouet par un poteau électrique.»
«Puisque vous me demandez quelles sont les conséquences de l’accident je vous dirais que pour le moment, mon mari est mort.»
«J’étais en vacances quand la fuite s’est produite dans la salle de bains du voisin du dessus. Alors le voisin du dessous a cru que l’eau venait de chez moi, mais le voisin du dessus a alerté le voisin d’à côté qui est le frère du voisin du dessous pour lui dire que l’eau ne venait pas de chez moi mais du voisin du dessus.»
Pour faciliter la féminisation…
En cette Journée internationale des femmes (Conseil du statut de la femme du Québec) ou de la femme (Condition féminine Canada), l’Office québécois de la langue française lance son plus récent ouvrage : Avoir bon genre à l’écrit, un guide de rédaction épicène. Les deux auteures, Pierrette Vachon-L’Heureux et Louise Guénette, y présentent «les principes et les procédés devant mener à une féminisation des textes réussie. On y trouvera notamment de nombreux exemples d’intégration harmonieuse des formes des deux genres, un riche répertoire d’appellations de personne au masculin et au féminin ainsi que plusieurs exercices. » (réf. : site Web de l’OQLF)
La forme épicène étant bien sûr la meilleure façon de féminiser, ce guide pourrait être fort utile. En passant, saviez-vous que réviseur a deux féminins possibles? Pour ma part, j’ai l’habitude de dire que je suis réviseure, mais je pourrais également me qualifier de réviseuse…
Si vous êtes dans les premiers à vous procurer cet ouvrage, faites-nous part de ce que vous en pensez!
D’un cadre à un fonctionnaire subalterne
«Les étiquettes que l’on a commencé à poser sont mal faites. Dans beaucoup de cas, il y a beaucoup de fautes d’ortographes, surtout dans la partie anglaise», dit-il…
Cette note, du chef du Service forestier à un ingénieur forestier du ministère des Terres et Forêts, montre sa préoccupation de la qualité de la langue. Et c’est tout en son honneur. Malheureusement pour lui, il y a des mots plus difficiles à écrire que d’autres, n’est-ce pas?
L’ingénieur réprimandé a-t-il osé reprendre son chef sur sa propre orthographe? Je ne saurais vous le dire. Mais inutile d’appeler au ministère en question pour y offrir vos services de correction sur la base de ce fait, puisqu’il date du 31 juillet 1926 (réf.: E21, série Service de l’exploitation forestière, Permis et droits de coupe, 1853-1989).
Remarquez que rien ne vous empêche non plus de vous y essayer… Ne serait-ce que pour éviter que, dans 50 ans, quelqu’un ne trouve de telles cocasseries dans les archives de 2007.
Et si vous obtenez un contrat avec cette entrée en matière, faites-le moi savoir.