Archives pour la catégorie Littérature

La cité des jarres

Amateurs de la série Millénium, si vous ne connaissez pas les romans d’Arnaldur Indridason, courez chez votre libraire pour vous les procurer.
L’an dernier, j’avais lu La voix, le troisième de la série des enquêtes du commissaire Erlendur, et j’avais beaucoup aimé. Cette semaine, j’ai carrément dévoré le premier de la série La cité des jarres. C’est encore meilleur que l’autre.
Il n’y a pas de personnages aussi forts comme ceux qu’on retrouve dans Millénium, mais pour le reste, Indridason n’a rien à envier au talent de Larsson. Je dirais même que La cité des jarres est plus efficace car plus ramassé (le roman ne fait que 325 pages).
Inutile de vous en dire plus. Je vous laisse le plaisir de découvrir cette fascinante intrigue.
Si vous avez le goût d’une petite virée saisissante (et un peu glauque) en Islande, La cité des jarres vous attend.

L’homme ralenti

J’écris très peu en ce moment car je lis tout aussi peu. C’est comme ça depuis le début de l’été. Ça me fait du bien de décrocher un peu de ce rythme un peu fou que je m’étais imposé depuis plusieurs années. Ça me permet de retrouver une certaine innocence par rapport aux livres. Je prends même plaisir à en acheter de temps à autre.
Dernièrement, j’ai surtout lu des manuscrits. C’est un tout autre aspect de la lecture. Ça commence même à déformer ma façon de lire. À force de traquer les petits défauts, on finit par les voir et le crayon à mine n’est jamais loin pour les annoter.
J’aime ce produit intérieur brut. Encore plus lorsqu’on détecte le diamant sous toutes ces couches de mots en trop.
C’est ce qui est arrivé avec Enthéos. Je suis extrêmement fier du résultat. Julie a été une élève exemplaire et son roman est une réussite. J’espère qu’il récoltera tout le succès qu’il mérite. Je me dis que ça ne peut pas faire autrement.
Après cinq lectures, elle parvenait encore à m’émouvoir.
La vérité ne peut mentir.

Les fabuleuses aventures d’un Indien malchanceux qui devint milliardaire

Voilà un livre surprenant.
Tout d’abord, on s’attend à lire une histoire abracadabrante et légère à la sauce indienne, voire même bollywoodienne. Le titre et le début nous le laisse croire du moins. En bon lecteur sceptique que je peux être parfois, j’ai mis du temps à succomber au charme de ce roman. D’abord, il y a la traduction qui semble boiteuse. Même si j’avais un certain plaisir à suivre les déboires extraordinaires de Ram, ça accrochait. Je ne parvenais pas à trouver mon rythme de croisière. En cours de route, j’ai fini par m’abandonner au destin de ce jeune homme de 18 ans qui finit par nous attendrir et nous émouvoir.
Vikas Swarup a trouvé un moyen ingénieux de parler de la pauvreté de son pays d’origine. C’est une belle leçon de courage et d’espoir qui ne tombe jamais dans la facilité.
Les fabuleuses aventures d’un Indien malchanceux qui devint milliardaire n’est pas un livre comique. C’est un roman complet.
Merci mhv, c’est grâce à toi si je l’ai lu.
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Les fabuleuses aventures d’un Indien malchanceux qui devint milliardaire, Vikas Swarup (10/18)

Replay

Pour cette lecture-ci, je le suis loin d’être dans le coup. Je devais être le seul au monde à ne pas avoir encore lu Replay de Ken Grimwood (le seul de ses 5 romans qui a été traduit en français). Voilà, c’est maintenant fait. On n’en fera pas toute une histoire!
Sérieusement, j’ai adoré. J’aime beaucoup lorsqu’un auteur s’amuse intelligemment avec la notion du temps en exploitant le côté réaliste et existentiel de la chose qui nous ramène nécessairement à notre condition d’être humain. Ici, Jeff meurt une première fois en 1988 à l’âge de 43 ans. Il se retrouve en 1963 à l’âge de 18 ans. Et le cycle recommence avec toute la conscience de sa vie d’avant. Et ainsi de suite.
L’idée est géniale, mais je craignais un peu l’essoufflement comme c’est souvent le cas dans ce genre de projet. En même temps, Replay n’aurait pas traversé le temps si tel avait été le cas. Je faisais confiance au romancier. J’ai eu raison. L’évolution de la situation du personnage principal est tellement intéressante qu’elle maintient le lecteur dans un état d’alerte qui frôle parfois le vertige. C’est un roman qui brille par son inventivité et sa profondeur.
Pour l’anecdote, pendant que je le lisais, il y a eu une double mortalité dans ma famille. À quelques jours d’intervalles, je me suis retrouvé dans le même salon funéraire entouré du même monde. Seul le mort dans la tombe avait changé. Sensation et sentiment des plus étranges.
Si vous êtes de ceux qui n’avez pas encore lu Replay, allez-y sans hésitation. C’est une lecture parfaite pour les vacances. Si vous avez lu et aimé, je vous conseille fortement Le Temps n’est rien d’Audrey Niffenegger et La Deuxième vie de Clara Onyx de Sinclair Dumontais.

Mauve le vierge

Mes dernières lectures m’avaient redonné envie de lire des auteurs que j’avais un peu délaissés avec les années. Christophe Honoré et Bernard Souviraa m’ont ramené à Hervé Guibert. En fouillant dans ma bibliothèque, je me suis alors rendu compte qu’il y avait plusieurs titres de lui que je n’avais pas encore lus, dont Mauve le vierge.
À travers ce recueil de nouvelles, j’ai retrouvé avec plaisir l’écriture bien particulière de cet auteur. Il m’a tout de même fallu une certaine réadaptation. Après une nouvelle ou deux, j’étais un être reconquis.
Mauve le vierge est loin d’être un titre majeur de Guibert, mais comme dans tous ses livres il y a un petit quelque chose qui séduit, dérange et frappe l’imaginaire.
Il faudrait bien que je profite de ce momentum pour finir de tout lire Hervé Guibert.

Deux ans

Oui, ça fait deux ans jour pour jour que j’ai commencé ce blogue. Au cours de la dernière année, j’ai manqué de souffle et j’ai un peu craint de ne pas me rendre ici et maintenant. C’est fou comme ça suit une courbe imprévisible de tenir un carnet virtuel et pourtant si réel.
En fait, j’ai manqué de souffle au moment où je remettais beaucoup de choses en question dans ma vie, à commencer par le métier de libraire que j’exerçais. J’ai eu besoin de questionner mes choix, de redéfinir mon rapport aux livres, à la lecture. Au fil des dernières années, je me suis rendu compte que c’est un lien d’obligation que j’avais fini par développer avec les livres. Ça s’est fait lentement, sûrement et sournoisement. Il fallait revenir à la notion de plaisir. Depuis quelques semaines, pour mon plus grand bonheur, j’ai les deux mains plongés dedans.
Vous pensez bien que de m’imposer d’écrire un billet aux trois jours me pesait un peu à ce moment-là, surtout que ça me prenait au moins une heure chaque fois. Plutôt que d’arrêter de nourrir mon carnet, j’ai accepté ce passage à vide en prenant un autre rythme de croisière. Petit à petit et par la force des choses, mon blogue s’est redéfini.
Actuellement, il s’inscrit dans la pure tradition des blogues littéraires. Une lecture, un billet. Et je les rédige plus spontanément. Bientôt, j’ai l’intention de parler davantage de mon nouveau milieu de travail. Je me dis que ce serait bien que je partage avec vous les coulisses du monde de l’édition. Il me reste juste à trouver le bon angle.
Je sens que ça s’en vient…

La douceur

Deuxième roman de Christophe Honoré que je lis presque coup sur coup, La douceur explore encore en partie le thème de la famille, mais sans l’aspect autofictionnel cette fois. L’histoire tourne autour d’un crime crapuleux commis par deux adolescents. L’auteur s’est intéressé à l’onde de choc que ça peut provoquer dans l’entourage immédiat.
C’est à la fois sensible et cru. La montée dramatique est assez intense. La scène du crime est quasi insupportable. Heureusement que ça se termine dans une certaine douceur.
Christophe Honoré ne me laisse pas indifférent. J’aime le côté brut et limite de son écriture. Elle me touche autant qu’elle me dérange. De lui, dans ma bibliothèque, me reste à lire L’infamille. On devine un peu le thème!
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La douceur, Christophe Honoré (Points)

Personnages désespérés

Je changerais le titre de ce roman de Paula Fox pour Personnages exaspérants. Antipathiques à ce point dans une fiction, c’est assez rare. C’est ce que l’auteur voulait, ça c’est certain. Vous devinez que ça n’a pas mais vraiment pas fonctionné avec moi.
Je n’ai pas aimé Sophie et Otto, ce couple désagréable qui s’enfonce dans une certaine monotonie du quotidien révélée par la morsure d’un chat dont est victime la Sophie en question. À travers des scènes constamment interrompues par le manque d’écoute des uns par rapport aux autres, on découvre leur univers désespéré et désespérant.
Paula Fox nous livre une vision pessimiste du couple et des relations interpersonnelles. Elle réussit tellement bien que tout dans ce livre devient désagréable. À un moment donné, tellement l’irritation augmente, on souhaite le pire aux personnages pour finir par s’en désintéresser totalement.
Lecture éprouvante, donc. C’est certain que ça donne très peu envie de relire un Paula Fox, mais on m’a dit tellement de bien de Côte ouest qu’il faudra bien que je lui donne une autre chance.
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Personnages désespérés, Paula Fox (Folio)