Jean Proulx, penseur et poète

Tous ceux qui le connaissent et le côtoient sont unanimes : Jean Proulx est notre penseur-poète. Ceux qui l’ont lu découvrent la profondeur de ses réflexions. Et ils sont de plus en plus nombreux !
La liste des livres qu’il a publiés à ce jour est éloquente :
Au matin des trois soleils, Septentrion, 1992.
La Chorégraphie divine, Fides, 1999; Nouvelle édition: La Chorégraphie divine, essai sur le cosmos, Septentrion, 2008.
Artisans de la beauté du monde, Septentrion, 2002.
Dans l’éclaircie de l’Être, Septentrion, 2004.
Doigts de lumière,(en collaboration avec Jean-Guy Desrochers et Mercédes Beaulieu Malo), Septentrion, 2007.
Le Dieu cosmique, À la recherche du Dieu d’Einstein (en collaboration avec Jacques Languirant), Éditions du Jour, 2008.
L’héritage spirituel amérindien. Le Grand Mystère (en collaboration avec Jacques Languirand), Éditions du Jour, 2009.
Gilles Herman, éditeur.

Vingt-Quatre heures d’une femme sensible

Ceux qui, comme moi, n’ont pas aimé Se résoudre aux adieux devraient se rabattre sur cet autre roman épistolaire hautement supérieur.
Si Philippe Besson a, d’une certaine façon, échoué dans sa tentative de se mettre dans la peau d’une femme bafouée par les affres de l’amour, il en est tout autrement pour Constance de Salm avec Vingt-quatre heures d’une femme sensible. L’instant d’une seule journée, on vivra toutes les phases du désarroi amoureux de cette femme anéantie par le désaveu de l’amour. 44 lettres comme autant de cris du cœur d’une profondeur intense qui l’aideront à surmonter son calvaire.
Toutes les lettres de ce court roman sont criantes de vérité. Écrit il y a près de deux cents ans, ce texte ne semble pas avoir pris une ride. S’intéresser aux choses du cœur était à l’époque assez avant-gardiste, mais Constance de Salm le fait avec tellement de justesse et d’intelligence qu’encore aujourd’hui tout humain peut se reconnaître dans les sentiments qu’elles expriment. Non seulement l’amour n’a pas de frontière, mais il ne connaît pas le temps.
Dans sa préface, Constance de Salm écrit : « Je voulais donc, par ces lettres, prouver que le goût des ouvrages sérieux n’exclut en rien la sensibilité ». Encore aujourd’hui, il est mal vu pour intellectuel d’en faire autant. Dans l’une des lettres, elle fait dire à cette femme sensible : « Les hommes sont bizarres; ils ne savent rien refuser à une femme qui leur est étrangère, et celle qui mérite le plus leurs égards semble toujours celle qui en obtient le moins ». Ça aussi, ça n’a pas changé. Et vous reconnaîtrez-vous dans cet autre extrait: « L’amour tient tant de place dans la vie! C’est quand il n’est plus là que l’on sent le poids de ces longues minutes qui doivent s’écouler sans lui ».
Avec des exemples aussi éloquents, inutile d’en rajouter davantage. Il faut juste remercier les éditions Phébus d’avoir eu la bonne idée de rééditer ce superbe roman épistolaire sur l’état du désespoir amoureux.
Vingt-quatre heurs d’une femme sensible, Constance de Salm (Phébus)

Avant quoi?

Je ne sais s’il vous est arrivé, comme moi, de voir l’abréviation A.A., pour «avant aujourd’hui», dans des textes, principalement des textes historiques. Mais peu importe, vous aurez compris qu’elle remplace alors celle bien connue et reconnue dans tout le monde occidental, soit «av. J.-C.» (avant Jésus-Christ). Celle-ci est d’ailleurs consignée dans nombre d’ouvrages, que ce soit le Multidictionnaire, Le français au bureau, le Guide du rédacteur de l’administration fédérale, etc., ce qui n’est pas le cas de la première, que l’on ne trouve nulle part.
Probablement créée dans un souci d’éliminer toute connotation religieuse, cette récente abréviation ne peut être utilisée, toutefois, que si elle est accompagnée d’une note précisant à quoi correspond cet «aujourd’hui», par exemple : «1950», comme je l’ai déjà vu.
Même si elle n’est pas nécessairement souhaitable, puisque, outre le fait qu’elle est moins universelle, elle est loin d’être plus efficace puisqu’elle n’est pas non plus univoque, elle est linguistiquement acceptable, selon l’Office québécois de la langue française, que j’ai consulté sur ce point. Cependant, pour être conforme aux règles de l’abréviation, elle doit s’écrire avec deux minuscules et une espace entre les deux, soit : «a. a.».

Le livre numérique [2]

Sans tambour ni trompette, notre site Internet a pris un virage important jeudi dernier. En effet, certains de nos ouvrages sont maintenant disponibles à l’achat au format pdf.
Devant l’arrivée galopante des nouvelles technologies, la seule alternative viable est de plonger droit devant et de précéder la vague.
Quels principes ont guidé nos choix pour les premiers livres mis au format numérique ? Tout d’abord, un rappel important : nos livres se trouvent dans toutes les bonnes librairies, comme le veut la formule consacrée. Ensuite, le côté pratique : depuis plusieurs années, nous envoyons nos livres au format pdf à l’imprimeur. Remontant dans le temps, nous désarchivons un à un les ouvrages pour les rendre accessibles sur notre site, d’abord en recherche par mot, par après à la vente.
Pour la suite, nous nous concentrerons sur nous ouvrages épuisés. Une belle façon de leur donner une seconde vie.
À quoi sert un format pdf ? À faire de la recherche par mot de façon plus pratique. À avoir sous la main, dans son ordinateur, une bibliothèque virtuelle. À pouvoir aisément citer des passages. À consulter loin du Québec et sans payer de frais de transport !
Vous pouvez télécharger un exemple de fichier pdf, Les Tarieu de Lanaudière. Le fichier est marqué au nom de l’acquéreur, peut être imprimé, annoté mais non modifié.
Voici la liste des livres à présent disponibles au format pdf sur notre site. Bonne lecture !
11 septembre 2001, 5 ans plus tard
À la découverte des îles du Saint-Laurent
Allemande (L’)
America
Amour du livre (L’)
Apprendre à lire et à compter
Augustin-Norbert Morin, 1803-1865
Canada Québec en bref
Canadiens en Guyane
Cent ans de littérature yiddish et hébraïque au Canada
Chroniques d’une petite enfance
Col romain et culottes de tôle
Collecteur (Le)
Contes et mystères de la forêt
Défi français (Le)
Député à Québec et à Ottawa… mais toujours Beauceron !
Dollard
Éclosion (L’)
Écriture Maria Chapdelaine (L’)
Éléments d’histoire des Pêches
Entre l’assommoir et le godendart
Escaliers publics en fer de la ville de Québec (Les)
Esdras Minville
Et vogue la galère…
États-Unis d’Amérique [tome 1] : synthèse historique (Les)
États-Unis d’Amérique [tome 2] : les institutions politiques (Les)
Eugène Brosseau
Explorateurs de l’Amérique du Nord, 1492-1795 (Les)
Famille et marché
Feu, fourrures, fléaux et foi foudroyèrent les Montagnais
Guide du parfait survivant (Le)
Histoire de l’Amérique latine et des Caraïbes
Histoire des mineurs du Nord ontarien et québécois (L’)
Joseph-Elzéar Bernier
Juge et partie
Maison Kent (La)
Marie-Catherine Peuvret
Monsieur Livre
Monuments intellectuels québécois du XXe siècle
Mourir pour renaître à la vie
Négation de la nation (La)
On s’amuse à mort
Patriotes et Loyaux
Peur au ventre (La)
Premières Nations ? Seconds regards
Printemps français (Le)
Rodolphe Mathieu, 1890-1962
Rousseau de Pohénégamook (Les)
Saisons Atikamekw
Se créer des ancêtres
Sortir de la « Grande noirceur »
Souvenirs de jeunesse, 1822-1837
Stanislas Tougas
Stratèges, diplomates et espions
Tarieu de Lanaudière (Les)
Un loup parmi les loups
Un pays pour un autre
Vie Musicale en Nouvelle-France (La)
Vie quotidienne dans la vallée du Saint-Laurent 1790-1835 (La)
Vision cosmique de Benjamin Franklin (La)
Voyage sur le Haut-Missouri
Voyages au Canada
Voyageurs d’autrefois sur la Côte-du-Sud (Les)
Zacharie

Le psychomaton

Hier soir, je suis allé au Périscope voir Le psychomaton, la toute nouvelle pièce de théâtre écrite par Anne-Marie Olivier mettant en vedette Hélène Florent (que je voyais pour la première fois sur scène) et Hugues Frenette. Une toute nouvelle création très invitante que je ne voulais pas rater.
Le psychomaton, comme son nom le laisse deviner, est un genre de confessionnal psychologique. Pour deux dollars, une personne peut confier en toute liberté tous les secrets de son âme à une machine. Du début à la fin de la pièce, défile devant nous une pléthore de personnages esseulés qui souffre. En toile de fond, on voit évoluer tout le processus de ce projet censé mettre un baume sur le cœur des gens.
Bien que n’étant pas d’une extrême originalité, l’idée est tout de même séduisante. Malheureusement, malgré quelques bonnes répliques, le texte que nous livre Anne-Marie Olivier est plutôt mince (on est loin du puissant et inspiré Gros et détails). Le problème est simple : il n’y a pas de profondeur dans cette pièce. Qu’elle aborde la question de la pauvreté, des laissés pour compte, de la marginalité ou du mal de vivre tout reste en surface. Tous les personnages qui défilent devant nous ont quelque chose de caricatural et ce n’est pas la faute des comédiens. Ils font leur possible pour défendre un texte assez pauvre, mais ça ne sauve pas la mise. On a l’impression d’assister à une pièce de finissants de secondaire cinq! Le décor surchargé de bébelles accentue cette navrante impression. Ça peut paraître méchant, mais c’est vraiment l’impression que j’ai eu à plusieurs reprises.
Au moment du salut, je me suis demandé si les comédiens étaient conscients de ne pas avoir un grand texte à défendre. À voir leurs mines peu convaincues, j’ai répondu oui à ma question. Je ne dois pas être loin de la vérité.
Malheureusement, et c’est le propre de la création, cette fois-ci Anne-Marie Olivier a raté son coup.

Un gros ou un petit travail?

Un de mes clients hésitait dernièrement à m’offrir un travail parce que, disait-il, ce n’était guère intéressant. Même que, s’il eût été à ma place, il aurait eu envie de le refuser, m’avoua-t-il. Pourquoi donc, lui demandai-je. Eh bien, parce que le texte était divisé en 104 petits fichiers, plutôt que de faire l’objet d’un seul gros document.
Ah! Je salivais déjà! Moi qui aime mettre un point final à un travail pour pouvoir passer à un autre, puis à un autre et à un autre, voilà qu’il me donnait 104 fois cette possibilité!
J’ai même un petit rituel pour de tels délices. J’inscris, sur une feuille, le nom de tous les fichiers, que je fais suivre de points de conduite, de façon à pouvoir faire un X au bout de chaque ligne. À mesure que j’en termine un, l’inscription du X devient en quelque sorte ma récompense. En 40 heures, j’ai donc pu m’accorder 104 récompenses plutôt qu’une seule. Ce ne sont pas des gâteries, ça?
Je sais que d’autres ont le souffle plus long. Ces marathoniens, devant ce même genre de travail, ont l’impression d’être sans cesse dérangés dans leur course, qu’ils voient entrecoupée d’arrêts, plutôt que parsemée de multiples départs. Comme mon client, justement, qui fait aussi de la révision tout en accordant des contrats à la pige. Au risque de paraître bizarre à ses yeux, je l’ai donc informé, lorsque je lui ai remis mes 104 petits textes, que je raffolais de ce genre de miettes. Et vous savez quoi? Il en avait 113 autres à me proposer! Décidément, j’étais gâtée.
Mais il n’a pas que moi à s’occuper et il ne peut retenir les dadas de chacun. Aussi m’a-t-il annoncé, hier, avec entrain et peut-être même un brin d’envie dans la voix, qu’il avait un «cadeau» pour moi, du genre que lui-même aime bien recevoir, soit un bon gros document de quelque 400 pages…
Bon, je m’y prépare mentalement. Ça ne peut pas toujours être la fête, n’est-ce pas?

Monsieur le codirecteur

J’aurai maintenant le plaisir de codiriger avec Adeline Corrèze la collection Hamac au Septentrion. Je suis très content et flatté que Gilles Herman ait pensé à moi. Ça arrive à point dans ma vie. De traverser du côté de l’édition me tentait de plus en plus. De faire mes premiers pas à la tête d’une jeune collection littéraire me stimule encore plus. Plus stimulant encore est le fait de pouvoir travailler de concert avec Adeline. Nos expériences respectives sont complémentaires et nous voyons la littérature un peu de la même façon. En plus, nous nous entendons très bien, ce qui ne gâche rien. Nous formerons, j’en suis coinvaincu, un beau duo.
Tout ça est à suivre, évidemment!

Un souvenir toujours aussi amer

Paru dans La Presse du 17 avril 2007 :
Denis Vaugeois, qui était à cette époque adjoint parlementaire du ministre délégué aux Affaires parlementaires (péquiste), abonde dans le même sens. « Le Québec s’est interposé parce que tant que la Constitution était à Londres, on était relativement protégé », se rappelle-t-il.
« Sur le coup, on l’a vécu sans se rendre compte de ce qui se passait, on ne réalisait pas l’ampleur du geste, soutient M. Vaugeois, aujourd’hui historien et président de la maison d’édition du Septentrion. J’ai ensuite passablement étudié la question pour me rendre compte combien c’est inimaginable les conséquences catastrophiques de 1982 sur le Québec. »
Lire l’article complet.

Salon du livre de Québec (suite et fin)

Le Salon du livre de Québec a pris fin hier après cinq jours d’effervescence ininterrompus. Malgré une fatigue due à mes soixante-dix heures de travail, j’aurais presque souhaité que ça continue tellement je me suis senti bien à cet endroit-là, à ce moment-là.
Il n’y a rien à faire, j’adore le Salon du livre de Québec. À mon avis, c’est le plus beau des salons du livre au Québec. Contrairement à celui de Montréal, devenu une foire du livre étouffante, celui de Québec reste à échelle humaine et le très beau Centre des congrès en fait un endroit propice à la convivialité. Pas étonnant qu’il en résulte de belles et agréables rencontres d’une année à l’autre.
Je ne sais pas ce qui s’est passé cette année, mais tous les éléments étaient réunis pour faire de cette 49ième édition un succès incomparable et un événement mémorable. Le public a répondu à l’appel en venant très nombreux. Le Salon était continuellement bondé. Je n’avais jamais vu ça. Même si on ne savait pas toujours où se mettre et même si on accrochait quelqu’un dès qu’on faisait un petit mouvement, la foule ne s’est pas avérée être un irritant pour personne. Les gens étaient de bonne humeur, compréhensifs, courtois et patients. Chacun semblait avoir laissé ses frustrations et son agressivité de côté avant d’entrer. C’est peut-être ça, au fond, les vertus de la lecture?
Tout le monde avait l’air heureux d’être là. Moi le premier. Les rencontres espérées ont eu lieu. Un feu roulant d’échanges intéressants constamment interrompus par d’autres aussi intéressants. Même s’ils sont pour la plupart furtifs, ils sont tous vrais à leur façon. C’est comme si pendant cinq jours, le monde du livre prenait le temps de s’informer de l’autre. Une fois par année, j’en ai besoin. Ça me grise, ça me fait sentir vivant. Cette année encore plus que les autres années. J’ai mon élan pour les prochaines semaines, les prochains mois.
Un gros merci à tous ceux avec qui j’ai pu entrer en contact durant ce salon. Vous êtes trop nombreux pour que je vous nomme un à un, mais sachez que vous contribuez à faire en sorte que je puisse continuer de croire en l’espèce humaine.