À l’abri de rien, Olivier Adam (de l’Olivier) : dans ce dernier roman Olivier Adam s’intéresse à une femme qui s’investie corps et âme pour aider des réfugiés politiques. Même s’il n’a pas la puissance de Falaises, À l’abri de rien réussit tout de même à toucher et déranger le lecteur. L’effet semble encore plus fort chez le lectorat féminin. Olivier Adam est définitivement une figurante importante de la littérature française actuelle.
L’aventure amoureuse, Jean-François Vézina (L’Homme) : si j’avais un auteur préféré à choisir au rayon de la psychologie populaire, ce serait sans doute Jean-François Vézina. Il aborde la psychologie intelligemment en faisant confiance au lecteur. J’avoue qu’au début de ma lecture de celui-ci, j’ai eu peur car dans L’aventure amoureuse, il cartographie l’amour comme s’il s’agissait d’une contrée, d’une destination. Chaque parcelle de territoire représente l’une ou l’autre des phases amoureuses. Kétaine, direz-vous? Pas du tout. Ça tient la route et ça nous interpelle où que l’on soit dans cette lande amoureuse.
Ton kaki qui t’adore : lettres d’amour en temps de guerre, Denys Lessard (Septentrion) : dans cet irrésistible et charmant petit livre, c’est un amour naissant que l’on découvre. Celui de Janine et Gérard, les parents de l’auteur. C’est une infime partie des lettres qu’ils se sont échangées dans les années quarante qu’on y retrouve. J’ai d’autant plus d’affection pour ce livre car c’est le premier que j’ai travaillé avec les médias dans le cadre de mes nouvelles fonctions. La réception a été bonne et avec raison. À vous maintenant de le découvrir.
Beau rôle, Nicolas Fargues (P.O.L.) : À part que ça belle gueule ne laisse pas les filles de marbre, Nicolas Fargues semble très doué pour l’écriture. Beau rôle m’a complètement séduit. Son personnage d’Antoine (mi-trentaine, chiant, drôle, fragile et lucide) porte un regard aiguisé et parfois acerbe sur ce qu’il vit. On acquiesce autant à sa vision qu’on la déteste. D’ailleurs, c’est ce qui fait que c’est bon. Mais Beau rôle est plus que ça, c’est un tableau social que l’auteur brosse avec beaucoup talent. Dans la même lignée qu’Olivier Adam.
Au pays de mes histoires, Michael Morpurgo (Gallimard jeunesse) : Quel ravissement que ce livre! Je savais que j’aimais Morpurgo, mais là il vient de m’enchanter. Au pays de mes histoires mélange des histoires personnelles en alternance avec des histoires inventées. On comprend mieux son univers, ses inspirations, ses motivations et son importance. C’est aussi une extraordinaire leçon sur la lecture et l’écriture que tous les enseignants du primaire devraient prendre le temps de lire. C’est également une belle introduction à l’œuvre de Morpurgo si vous ne le connaissez pas.
Archives pour la catégorie Littérature
Tout m’accuse
Ce matin, j’ai terminé la lecture du dernier roman de Véronqiue Marcotte Tout m’accuse.
Au début, je n’étais pas certain. On suit plusieurs personnages, les uns en Belgique, les autres à Montréal. Ce chevauchement de l’un à l’autre crée une certaine confusion. C’est voulu ainsi. Plus on avance, plus ça se rétrécit et se précise. On entre à l’intérieur de la vie de ces personnages. On découvre leurs failles et leur vulnérabilité. Ils sont vrais et touchants.
Véronique Marcotte, avec sa plume sensible (à un moment donné, j’ai eu peur qu’elle l’ait perdue), vient nous chercher et réussit à nous émouvoir. C’est là sa plus grande force.
J’ai beaucoup aimé. Selon moi, il fera partie des bons romans québécois de cette année.
Je n’ai pas envie de vous en dire plus pour vous laisser le plaisir de le découvrir.
_________________________________
Tout m’accuse, Véronique Marcotte (Québec-Amérique)
Les miscellanées littéraires de Monsieur S. #2
Voici encore quelques lectures en vrac:
Eden City : Bienvenue en enfer de N.M. Zimmermann (Milan) : deux ans après sa disparition, Saralyn refait surface à Eden City. Une aura de mystère plane autour de sa présence. Elle est contrainte à travailler pour une organisation. Elle devra se défendre, tuer des créatures et se méfier constamment de tout ce qui l’entoure. L’ambiance n’est pas sans rappeler l’excellent film de Luc Besson Nikita. On est dans un univers de paranoïa avec un soupçon très convainquant d’horreur. C’est excellent. Les ados vont adorer.
Une nuit rêvée pour aller en Chine de David Gilmour (Leméac/Actes sud) : un soir, alors que son fils dort, Roman ne peut résister à l’envie d’aller boire un verre tout près de chez lui. À son retour, son fils a disparu. Le roman tourne autour de cette disparition douloureuse. L’auteur, plutôt que de s’intéresser à l’aspect concret de ce drame, nous plonge dans la dérape psychologique du personnage principal. Si certaines scènes (trop peu nombreuses) sont bouleversantes, l’ensemble relève davantage de la curiosité. Loin d’être inintéressant.
Balade en train assis sur les genoux du dictateur de Stéphane Achille (vlb) : voir mon commentaire (et ceux des autres participantes) sur le site La recrue du mois!
Qu’est-ce qui m’empêche de guérir de Jeannine de La Fontaine (GGC) : lors de mon séjour de quelques années À Sherbrooke, j’ai eu la chance de côtoyer de près Jeannine de La Fontaine. Elle œuvre auprès de personnages atteintes de cancer en travaillant avec eux tout l’aspect émotionnel pour leur permettre de mieux comprendre ce qu’ils vivent. Mieux comprendre et mieux gérer ses émotions mène nécessairement à un mieux être. C’est ce dont ce livre parle et il nous éclaire sur ce que nous sommes réellement. Ce n’est pas de la pensée magique, c’est du gros bon sens qu’on oublie trop souvent.
Le froid modifie la trajectoire des poissons de Pierre Szalowski (HMH) : c’est l’idée du battement d’aile du papillon qui peut créer des cataclysmes à l’autre bout du monde que reprend à sa façon l’auteur qui est également scénariste. Son roman a pour cadre la crise de verglas qu’a connu le Québec en 1998. Plusieurs personnages ayant à la base peu de points en commun finiront par être solidaires les uns des autres. Si le début et la fin sont très solides, on ne peut pas en dire autant du deux tiers du roman. L’action retombe tout le temps et on ne croit pas toujours aux situations que vivent les personnages. Le scénariste aurait dû laisser plus de place au romancier.
Les miscellanées littéraires de Monsieur S. #1
Quelques lectures en vrac:
Dawson kid de Simon Girard (Boréal) : pour ne pas trop tourner le fer dans la plaie, je vous laisse le soin d ‘aller voir mon commentaire sur le site de La recrue du mois.
Cap-au-Renard de Louise Portal (Bibliothèque Québécoise) : j’ai toujours eu un faible pour cette artiste. Je la suis depuis les années 80 alors qu’elle chantait sa rébellion. Je la suis moins assidûment comme auteur, mais de temps en temps j’ai envie d’aller y faire un tour. Si Les mots de mon père m’avaient séduit, je ne peux pas en dire autant de Cap-au-Renard dont l’action se passe en Gaspésie (très bien évoquée) et qui tourne autour du suicide d’une adolescente. Ce n’est pas un mauvais roman pour autant, mais trop souvent Louise Portal pêche par accès de métaphores. Son écriture gagnerait en qualité si on lui faisait enlever l’excédent de ses effets de style.
Trois quartiers de Valérie Mréjen (J’ai lu) : ce recueil contient les trois courts romans que l’auteure avait fait paraître aux éditions Allia (Mon grand-père, Agrumes et Eau sauvage). Considérée comme faisant partie de la relève littéraire en France, j’étais curieux de la lire. Je n’ai pas du tout accroché à son écriture qui n’est constituée que d’énumérations. Si l’exercice, qui emprunte un peu à l’autofiction, s’avère sympathique au début, il finit par lasser assez rapidement rendant le tout franchement pénible.
Joséphine et moi de Hans Magnus Ensensberger (Gallimard) : je dois cet agréable moment de lecture à Denis G. qui me l’avait chaudement recommandé. Tout le livre est bâti autour de la relation incongrue d’une vieille femme au caractère prononcé et aux idées parfois surprenantes et le narrateur, un homme sérieux sans signe particulier. L’échange entre les deux est souvent savoureux, légèrement intellectuel et très porteur. Joséphine fait partie de ces personnages aussi attachants que détestables. Pas aussi bon que L’élégance mais si le cœur vous en dit, allez-y!
Le jugement de Léa de Laurence Tardieu (Points) : la vraie relève française se nomme Laurence Tardieu. Elle nous a tous jetés par terre avec Puisque rien ne dure. En attendant Rêve d’amour qui vient tout juste d’atterrir dans ma pile, je n’ai pu résister à ce Jugement de Léa qui relate les longues heures d’attente d’une mère accusé du meurtre de son fils avant la tombée du verdict. Une fois de plus, la souffrance d’une mère (d’un parent) est au cœur de son univers. Même si ce roman n’a pas la puissance du premier cité, il en a les qualités en ce sens qu’elle évite le pathos et les clichés et sa construction n’en est pas une linéaire. L’écriture est dépouillée et bien ciselée. Valeur sûre, je vous dis!
Prix des libraires du Québec 2008: les finalistes
Ça y est, une partie des jeux sont faits pour le Prix des libraires du Québec. Ne reste que 10 livres, 5 dans chacune des deux catégories.
La québécoise
Les carnets de Douglas, Christine Eddie (Alto)
Parfum de poussière, Rawi Hage (Alto)
Un taxi la nuit, Pierre-Léon Lalonde (Septentrion)
Tarquimpol, Serge Lamothe (Alto)
Léon, Coco et Mulligan, Christian Mistral (Boréal)
Évidemment, chez Septentrion on se réjouit de voir Un taxi la nuit figurer sur cette liste prestigieuse. Chez Alto, on doit littéralement exploser de tout ce qui peut ressembler à de la joie devant un tel résultat. Sans leur enlever le crédit, je ne sais pas si ces trois titres finalistes reflètent bien, toutes proportions gardées, l’apport de cette jeune maison d’édition sur l’ensemble de la scène littéraire de la dernière année. Qu’importe ce que je dis, Antoine Tanguay fait un excellent travail éditorial à la barre de sa maison d’édition et je me dois de le féliciter. Alto a la cote auprès des libraires et le choix des finalistes le souligne très bien. Il fut un temps, c’était Boréal qui ramassait presque tout. C’est la preuve que les temps changent. Cette année, il sauve la mise avec la présence méritée du dernier Mistral.
Compte tenu de ma position délicate, je m’abstiendrai de faire mes prédictions pour cette catégorie.
L’étrangère (Hors-Québec)
À l’abri de rien, Olivier Adam (de l’Olivier)
Le dernier frère, Nathacha Appanah (de l’Olivier)
Le rapport de Brodeck, Philippe Claudel (Stock)
La cartographie des nuages, David Mitchell (de l’Olivier)
La voleuse de livres, Markus Zusak (Oh!)
Vite comme ça, ça m’apparaît être une belle sélection. Mais pour dire vrai, cette année elle m’interpelle beaucoup moins que sa petite soeur québécoise. Cela dit, je crois que Le rapport Brodeck part avec une longueur d’avance.
J’espère que tous les libraires du Québec auront la curiosité de plonger dans les livres qu’ils ne connaissent pas et qu’ils seront nombreux à voter pour leur Prix, geste que je ne peux désormais plus poser.
Histoires sans fin #3
Je ne sais pas si c’est parce que je me suis habitué à lire des manuscrits, si c’est parce que je change de travail ou si c’est parce que j’ai rarement des lectures coups de coeur depuis plusieurs semaines, mais j’abandonne facilement mes lectures en ce moment. Je ne perds donc pas de temps avec les livres qui ne me plaisent pas. Ceux qui me passent entre les mains ont intérêt à démarrer sur des chapeaux de roues, sinon ça s’appelle au suivant.
En voici cinq qui n’ont pas eu l’heur de me satisfaire et dont je ne connaîtrai jamais la fin.
Mille soleils splendides, Khaled Hosseini (Belfond) : une déception que ce livre par rapport à l’intensité et la profondeur que j’avais ressenties à la lecture des Cerfs-volants de Kaboul. Ici, plutôt que celui d’un homme, on suit le destin de deux femmes afghanes. Le ton est tellement simpliste et le contexte du début misérabiliste, j’ai été dans l’impossibilité de compatir à leurs sorts pourtant tristes. J’avais l’impression de lire une version d’Aurore l’enfant-martyr en Afghanistan. Après 150 pages, j’en avais assez. Je n’ai pas envie de le reprendre même si on m’a dit que l’intensité augmentait en cours de route.
Le crime parfait, Frank Cottrell Boyce (Gallimard jeunesse) : puisque j’avais bien aimé Millions, son précédant titre, il était tout naturel que je veuille lire celui-ci. Dès le départ, j’ai trouvé la narration trop descriptive (l’auteur passe son temps à faire des énumérations plutôt que de créer de l’action) et superficielle. Je n’ai pas eu envie de suivre la petite vie anecdotique de cette famille vivant dans un bled perdu.
Quelque chose à cacher, Dominique Barbébis (Gallimard) : depuis que j’ai vu le film Entre ses mains (avec l’incroyable Isabelle Carré) adapté d’un de ses romans (Les kangourous), je m’étais promis de lire le prochain Barbéris pour découvrir cette auteure. Promesse tenue qu’à moitié. On se retrouve dans un petit village qu’on découvre via le regard d’un de ses habitants (le narrateur). C’est glauque, intriguant, mais ça ne lève pas vraiment. L’ambiance qu’elle installe est très forte, mais je trouve qu’il manque un peu de chair à ce roman.
Catastrophes, Pierre Samson (Les Herbes Rouges) : ce titre est finaliste au Prix des collégiens cette année et il sommeillait dans ma pile depuis sa sortie à l’automne. La semaine dernière, je me décide à le lire en étant persuadé que j’allais aimer ce portrait sarcastique du milieu de l’édition. Pierre Samson utilise l’érudition pour s’en moquer. Je suis loin d’être certain que c’était le bon choix. Moi, il m’a perdu plutôt que de me faire rigoler. Dès les premières lignes, j’ai su que ce n’était pas pour moi. J’ai persévéré un peu mais rien à faire devant cette surenchère de vocabulaire trop recherché à mon goût.
Les merveilleuses aventures de Miles Mercredi : Le palais du rire, Jon Berkeley (Hachette jeunesse) : la couverture psychédélique donne envie. Le début est très prometteur avec son ambiance à la Charles Dickens mélangée à un univers de cirque. Tous les éléments semblent réunis pour nous faire vivre une belle aventure. Et pourtant, mon intrusion dans ce roman n’aura été que de courte durée. Trop de confusion et de détours inutiles pour si peu de magie.
Palmares 2007: littérature jeunesse
Pour parfaire l’éducation de Jules, pour votre plaisir ou par simple curiosité, voici donc mon palmares de littérature pour la jeunesse de l’année qui vient de s’écouler.
1. Le combat d’hiver de Jean-Claude Mourlevat (Gallimard jeunesse)
2. Le choix d’aimer de Malorie Blackman (Milan macadam)
3. L’affaire Jennifer Jones/Judy portée disparue de Anne Cassidy (Milan macadam)
4. La fille du Docteur Baudoin de Marie-Aude Murail (École des loisirs/Médium)
5. Le royaume de Kensuké de Michael Morpurgo (Folio junior)
6. La mandragore de Jacques Lazure (soulières)
7. Le soleil de Carla de Camille Pouzol (Hachette/Planète filles)
8. Molly Moon tome 1 et 2 de Georgia Byng (Livre de poche jeunesse)
9. Le souffle de la hyène de Pierre Bottero (Rageot)
10. La saga du grand corbeau de Sharon Stewart (Boréal inter)
Palmares 2007: lectures
L’année qui s’achève ne m’a pas énormément fourni de moments de grâce littéraires, mais j’ai tout de même réussi à établir un très bon palmares de lecture.
Les voici en ordre d’importance:
1. Kafka sur le rivage, Haruki Murakami (10/18)
2. Un petit bruit sec, Myriam Beaudoin (Triptyque)
3. Vingt-Quatre Heures d’une femme sensible, Constance de Salm (Phébus)
4. Réveillez-vous, Monsieur!, Jonathan Ames (Joelle Losfeld)
5. Winkie, Cliffrod Chase (10/18)
6. Chute, Geneviève Robitaille (J’ai vu)
7. Une épouse presque parfaite, Laurie Colwin (Livre de poche)
8. C’est quand le bonheur, Martine Delvaux (Héliotrope)
9. La voix, Arnaldur Indridason (Métailié)
10. Mercredi soir au bout du monde, Hélène Rioux (XYZ)
Et le vôtre, il ressemblerait à quoi?
Bonheurs d’occasion #3
La voix d’Arnaldur Indridason (Métailié) : Je lis très peu de romans policiers mais il semble que je sache bien les choisir. Le fait que La voix se passe en Islande a pesé dans la balance. Le roman débute avec la découverte d’un cadavre dans une chambre d’hôtel. La victime est habillée en Père Noël. L’enquête nous fait découvrir le passé de cet homme solitaire et mystérieux et aussi les tourments de l’enquêteur. On ne doit pas lire ce livre seulement pour l’intrigue. Il faut le lire pour les personnages qui sont loin d’être unidimensionnels, pour la profondeur psychologique qui s’en dégage, pour l’humour sympathique d’Indridason et pour la forte atmosphère qui enrobe tout ça.
Dans le scriptorium de Paul Auster (Leméac/Actes sud) : Cette dernière plaquette de l’auteur n’est certes pas le meilleur livre qu’il ait écrit. La plupart des amateurs de Paul Auster s’entendraient pour l’affirmer. Toutefois, Dans le scriptorium ne laisse pas le lecteur indifférent. L’histoire de cet homme qui se retrouve dans une pièce fermée sans trop savoir ce qu’il fait réellement là, bien qu’elle soit floue, m’a interpellé. J’y ai vu une forte allégorie sur le vieillissement et toutes les pertes s’y rattachant. Pour les fans de l’auteur.
Le souffle de la hyène de Pierre Bottero (Rageot) : Celui à qui l’on doit la série à succès La quête d’Ewilan frappe peut-être plus fort (en ce qui me concerne du moins) avec ce premier tome d’une nouvelle trilogie intitulée L’autre. L’autre, une créature qui sommeillait dans les profondeurs de la terre depuis des siècles, est libérée accidentellement par des archéologues. Nathan et Shaé, deux jeunes adolescents ayant des dons particuliers, sont investis de la périlleuse mission de capturer cette créature menaçante. L’intrigue, qui flirte avec l’horreur, est vraiment captivante, très rythmée et juste assez complexe pour nous surprendre et maintenir notre attention jusqu’au bout. Un grand bonheur d’occasion.
La femme du Vième de Douglas Kennedy (Belfond) : Réglons une chose tout de suite : oui la fin est décevante. On m’avait prévenu, j’ai voulu ne pas le croire, mais on avait raison. Ne pas lire ce roman serait tout de même une erreur. J’ai eu un plaisir fou à suivre les déboires de cet américain qui débarque à Paris pour fuir son pays et qui se retrouve dans les bas-fonds parisiens. Ça paraît que Douglas Kennedy connaît bien cette ville. Il en fait ressortir tout le côté sordide dans un style qui rappelle les romans noirs. En même temps, il nous fait sourire par son côté loufoque. Un heureux mélange des genres qui séduit le lecteur. C’est juste dommage que la fin un peu surnaturelle vienne un peu gâcher le tout. Une première incursion dans l’œuvre de Kennedy vivifiante et certainement pas la dernière.
Journal d’un étudiant japonais à Paris de Christophe Léon (Serpent à plumes) : Quel étrange objet littéraire que ce roman français qui puise à même les principaux courants littéraires japonais. En principe, ce journal est celui de Tarô, cet étudiant japonais étudiant à Paris. En fait, ce n’est pas vraiment un journal. C’est une sorte d’ébauche de roman dans lequel plusieurs personnages interviennent à travers les écrits de ce Tarô en question qui aurait peut-être découpé en rondelles quelques filles de passage! Réalité ou fiction? Peu importe. Christophe Léon nous convie à pénétrer dans un univers bien particulier en jouant habilement avec l’invraisemblance. Pas mal du tout. Une belle curiosité pour ceux qui aime le dépaysement littéraire.
La tournée d’automne #3
Voici cette troisième tournée d’automne plutôt hivernale et toujours aussi féminine.
Les secrets du manoir de Martine Latulippe (Québec-Amérique jeunesse/Titan) : Martine Latulippe fait partie des belles rencontres que j‘ai faites cet automne à l’émission Encrage. Suite à cette rencontre, j’avais envie de vous parler brièvement de son dernier roman jeunesse. Pas parce qu’il est extraordinaire. Non. Plutôt parce qu’il y a justesse dans le ton, dans l’écriture et dans l’histoire pourtant simple qui se déroule dans un manoir un peu mystérieux le temps d’un été. Amour et inquiétude préoccupent la jeune Rosalie. Martine Latulippe ne tombe jamais dans la mièvrerie sentimentale ni dans les excès de style. Ça donne un roman charmant qui, je l’espère, saura plaire aux jeunes lecteurs.
Les carnets de Douglas de Christine Eddie (Alto) : voir mon commentaire sur le site La recrue du mois
Le dernier frère de Natacha Appanah (de l’olivier) : Elle-même originaire de cette île, l’auteure s’est inspirée d’un fait historique s’étant produit à l’île Maurice durant la seconde guerre mondiale pour écrire ce roman prenant. À l’époque, un camp de réfugiés juifs, qu’on amenait par bateaux, avait été créé. Raj, un jeune garçon de dix ans, après avoir perdu ses deux frères, se lie d’amitié avec David, un jeune de son âge prisonnier de ce camp. Raj, à la vie à la mort, portera sur ses épaules le sort de ce frère-ami. Émotions garanties.
De grâce et de vérité de Jennifer Johnston (Belfond) : J’ai découvert cette auteure irlandaise par hasard. J’avais été attiré par la couverture mélancolique de Petite musique des adieux. Mon flair m’avait donné raison. Je suis tombé sous le charme de Jennifer Johnston. Avec De grâce et de vérité, peut-être avec moins de force, elle réussit encore à m’interpeller. Ici, on suit le drame intime de Sally, une actrice de renom qui se fait larguer par son mari alors qu’elle s’y attend le moins. Remonte à la surface une enfance trouble qui l’empêche de s’épanouir réellement. Ça sent le mélodrame, mais ce n’en est pas. C’est plus subtil car il y a le ton Jennifer Johnston qui fait toute la différence. Pour l’ambiance et la profondeur.
De ses mains de Rebecca Harding Davis (Phébus) : Les rééditions d’oeuvres tombées dans l’oubli que réédite Phébus régulièrement m’attirent toujours. Après Vingt-quatre heures d’une femme sensible qui m’avait réjoui, j’espérais que le petit miracle se reproduise avec De ses mains, roman social que l’on considère comme étant un des textes fondateurs de la littérature américaine. Fondateur, je veux bien mais, à part sa valeur historique, cette histoire de mineurs vivant dans des conditions de vie exécrables et qui rêvent d’une vie meilleure est loin de m’avoir passionné ou remué.