Je termine l’année en beauté avec le retour de la trop rare chronique Le Septentrion dans les médias. Je me concentrerai sur les mois de novembre et décembre.
Je commencerai avec ce très beau livre à offrir en cadeau Or des Amériques. On en parle dans le dernier numéro de Continuité et Entre les lignes.
Judicieusement choisi par Jean-Claude Germain, un extrait du livre Anastasie ou la censure du cinéma au Québec de Yves Lever, qui a bénéficié d’une excellente couverture médiatique cet automne, a été publié dans L’aut’journal. Il a fait l’objet de deux chroniques à l’antenne de CKRL. Pierre Blais en a parlé à l’émission du matin Avant 9 heures tout est possible le 20 novembre et Yves Rousseau à l’émission littéraire Encrage le samedi 13 décembre. Le site Internet ServicesMontréal en parle également.
L’Oeuvre d’une vie Samuel de Champlain : Le rêveur et l’entrepreneur du regretté Maurice K. Séguin reçoit un bel accueil de la part de ces médias: la revue Histoire Québec, le magazine Continuité, Le Devoir, Les Cahiers de lecture de L’Action Nationale, Made in Québec et Culture Hebdo.
Notre grille géante Québec en 1608 cases, qui fait la joie des cruciverbistes depuis l’été, a été recommandé dans le journal Le Métropolitain de Toronto ainsi que dans la revue Histoire Québec.
Parcours d’une coopérative agricole: Purdel 1928-2008, qui a été lancé à Rimouski dans le cadre du Salon du livre, a attiré l’attention du journal Le libraire. Quant à Jacques Lemay, son auteur, il a été reçu à l’émission de radio La Grande tablée à Radio-Canada Rimouski ainsi qu’à l’émission La vie chez nous à TVA, toujours à Rimouski.
Le touchant recueil de nouvelles d’Emmanuel Bouchard Au passage a fait l’objet d’une chronique à Axion Magazine (Beauce) le 3 novembre et d’un papier diffusé à la fois dans le journal Le métropolitain à Toronto et Le Régional à Hamilton.
Plaisance: Terre-Neuve 1650-1713 a fait l’objet d’une recension dans le magazine Continuité et sur le site Made in Québec. Nicolas Landry, son auteur, a été reçu à l’émission animée par Patrick Masbourian Vous êtes ici le 9 décembre sur les ondes de la radio de Radio-Canada.
L’Enseignement de l’histoire au début du XXIe siècle au Québec, dirigé par Félix Bouvier et Michel Sarra-Bournet, qui porte sur la réforme de cette discipline n’a pas fini de faire couler de l’encre. Louis Cornellier a rédigé un article sur ce dernier livre dans Le Devoir du 15 novembre. Les deux sites Internet Made in Québec et ServicesMontréal s’y sont également intéressés de même que l’émission Divines tentations diffusée à la radio de Radio-Canada à Ottawa.
Près d’un an après sa sortie, Histoire populaire du Québec tome 5 1960 à 1970 de Jacques Lacoursière continue de rayonner. Cette fois-ci, c’est la revue France-Québec qui en parle. En bien évidemment! D’ailleurs, Jacques Lacoursière était l’un des invités d’honneur du dernier Salon du livre de Montréal.
En écho à ce cinquième tome d’Histoire populaire du Québec, nous avons fait paraître la pièce de théâtre aux allures d’essai de Claude Corbo Passion et désenchantement du Ministre Lapalme. Le Devoir, et les sites Internet Culture Hebdo et Made in Québec ont salué à leur façon le travail de l’auteur.
La réédition du livre La Chorégraphie divine de Jean Proulx s’est fait remarquer par Jacques Languirand. Le 26 octobre dernier, il y consacrait près d’une heure à son émission Par 4 chemins, toujours à l’antenne de Radio-Canada. Les sites Made in Québec et Culture hebdo ont également souligné la sortie de ce titre.
Daniel Campeau, journaliste à Rock Détente Sherbrooke, a parlé des trois derniers titres parus dans notre belle collection V et on retrouve une recension pour chacun de ces titres sur le site Culture Hebdo: Regards sur le monde atlantique de Dumont de Montigny, Croisière d’un Américain de John Armoy Knox et Les Fondations de l’Acadie et de Québec 1604-1611 de Samuel de Champlain. Éric Thierry, qui a adapté le texte de Champlain en français moderne, a été interviewé sur les ondes de Radio-Canada Moncton le 13 décembre dernier.
À l’instar du cinquième tome de Jacques Lacoursière, La Mesure d’un continent poursuit son parcours exemplaire. Deux prix coup sur coup pour ce superbe album ; Le Marcel-Couture 2008 dans le cadre du Salon du livre de Montréal et le Hercule Catennaci 2008 remis par l’Institut de France. Aussi, un article est paru dans les revues spécialisées Argus et Rabaska.
Maxime Gohier, un jeune historien talentueux qui vient de signer son premier livre Onontio le médiateur, a vu son ouvrage commenté par Michel Lapierre dans les pages du Devoir du 15 novembre. On retrouve également une recension sur le site ServicesMontréal.
Les Pensées et réflexions de l’artiste Alfred Laliberté présentées par Odette Legendre ne sont pas passées inaperçues sur les sites ServicesMontréal et Made in Québec.
L’intelligent essai de Sam Haroun L’État n’est pas soluble dans l’eau bénite a fini par sortir de l’ombre. Lucia Ferretti signe un excellent commentaire dans Les Cahiers de lecture de L’Action nationale. Michel Lacombe le recevra à son émission Ouvert le samedi (radio de Radio-Canada) le 27 décembre prochain. Le 6 janvier, ce sera au tour de Radio-Canada International de s’entretenir avec lui.
Le roman biographique Le Bâtisseur de Danielle Brault a été commenté à l’émission La Grande tablée du 23 novembre sur les ondes de Radio-Canada à Rimouski. Le site Made in Québec en a fait une excellente recension.
En vrac
La saga de la navigation à Québec et sur le Saint-Laurent de Jacques Castonguay et L’Art sacré en Amérique Française de Madeleine Landry et Robert Derome ont également fait l’objet d’une recension dans la revue Rabaska.
Dans la chronique « Histoire de lire » de Louise Chevrier, que l’on retrouve dans la revue Histoire Québec, on pouvait lire dans le dernier numéro un compte rendu des livres suivants: Le Rêve du Petit-Champalin du regretté Jacques de Blois et Le Vieux-Montréal: une tout autre histoire de Roger Chartrand qui s’est vu mériter le Prix Robert-Prévost de la Société historique de Montréal cet automne.
Dans leur dernier numéro, la revue L’Ancêtre souligne le travail de Jacques Mathieu (Entre poudrés et Pouilleux) et de Dean Louder et Eric Waddell (Franco-Amérique). Le surprenant Mémoires d’un piéton de Jean Cimon, plus d’un an après sa parution, fait l’objet d’une recension dans le dernier numéro de Cap-aux-Diamants qui porte sur le français au Québec. Le 14 décembre, l’émission La grande tablée (Radio-Canada Rimouski), qui nous gâte par les temps qui courent, a commenté l’ouvrage de Marjolaine Saint-Pierre, Joseph-Elzéar Bernier, qui a bénéficié d’une réimpression il y a peu. La seigneurie de Mount Murray bien accueilli par le public, pour sa part, après avoir profité de la tribune du Devoir plus tôt cet automne, profite de celle du site ServicesMontréal. Dans La voix active, un bulletin de l’Association canadienne des réviseurs, Ginette Lachance reçoit l’aval de son milieu pour son le livre La Révision linguistique.
Depuis le numéro de décembre, le magazine Le guide auto Expert.ca publie des billets choisis de Pierre-Léon Lalonde tirés de son blogue bien connu Un taxi la nuit. De quoi nous mettre en appétit avant la parution de son deuxième tome prévu en mars, toujours dans la collection Hamac-carnets.
Notez que les livres Enthéos et Le Duel ont bénéficié d’une belle campagne médiatique en septembre et en octobre.
Mon palmarès 2008
Du côté de mes lectures, les années passent et ne se ressemblent pas. Cette année, je ne pourrais me restreindre à un top 10 tellement j’ai lu de bons livres. Je ne voulais pas faire de choix déchirants. Ça donne un top 17. Ce choix comprend deux titres pour la jeunesse.
Voici donc ma cuvée exceptionnelle de 2008:
1. Parades de Bernard Souviraa (de l’Olivier)
2. Les années d’Annie Ernaux (Gallimard)
3. On n’est pas là pour disparaître d’Olivia Rosenthal (Verticales)
4. Au pays de mes histoires de Michael Morpurgo (Gallimard jeunesse)
5. Replay de Ken Grimwood (Seuil)
6. La cité des jarres d’Arnaldur Indridason (Points policiers)
7. La porte des enfers de Laurent Gaudé (Actes sud)
8. Toute la nuit devant nous de Marcus Malte (Zulma)
9. Rêve d’amour de Laurence Tardieu (Stock)
10. Les hommes qui n’aimaient pas les femmes de Stieg Larsson (Actes sud)
11. Tout m’accuse de Véronique Marcotte (Québec-Amérique)
12. Beau rôle de Nicolas Fargue (P.O.L.)
13. Compter jusqu’à cent de Mélanie Gélinas (Québec-Amérique)
14. Philippe de Camille Laurens (Folio)
15. Autrement dit de Marie Cardinal (Livre de poche)
16. L’arbre du voyageur d’Hitonari Tsuji (Folio)
17. L’oiseau rouge de Denis Côté (Québec-Amérique jeunesse)
Une grosse mention spéciale à La Deuxième vie de Clara Onyx, Au passage et Enthéos, de superbes fictions de la collection Hamac que j’ai le bonheur de codiriger avec Adeline Corrèze.
Mon palmarès 2007
Mon palmarès 2006
La porte des enfers
Hier soir dans l’autobus, en refermant le dernier Laurent Gaudé La porte des enfers, j’avais vraiment l’impression d’y être allés.
Laurent Gaudé signe un roman intense sur le deuil en utilisant l’enfer comme symbole. C’est en même temps un prenant témoignage sur le lien filial.
C’est évidemment sombre.
Un des meilleurs romans que j’ai pu lire cette année.
Vrac de décembre
Voici un survol des livres lus récemment:
Syngué sabour (Pierre de patience), Atiq Rahimi (P.O.L.) : Premier roman écrit en français pour cet auteur afghan grâce auquel il vient de se mériter le prestigieux Prix Goncourt. Mérité? Certes. L’écriture est superbe, mais je n’ai pas été nécessairement ému par l’histoire de cette femme qui se confesse à son mari mourant. Confession qui devient un véritable playdoyer de libération pour la femme afghane. La fin laisse peprlexe mais elle est justifiée dans les circonstances. Un bon roman qui ne décevra personne ou très peu.
Peut-être une histoire d’amour, Martin Page (de l’Olivier): Si l’auteur de Comment je suis devenu stupide m’avait pour la première fois déçu avec la parution de On s’habitue aux fins du monde, la réconciliation a lieu avec Peut-être une histoire d’amour. Peut-être parce que c’est très Martin Page comme idée: le narrateur apprend sur le répondeur que Clara met un terme à leur histoire d’amour. Le hic, c’est qu’il ne connaît pas Clara ! Et là, c’est le commencement de la déroute pour lui. Plutôt que d’en faire une simple satire, l’auteur a réussi à créer une belle histoire douce amère.
Toute la nuit devant nous, Marcus Malte (Zulma) : Marcus Malte, que j’avais découvert il y a peu avec la lecture de Garden of love, est probablement ma découverte de l’année. Son écriture est tout simplement fabuleuse. Dans ce receuil de nouvelles, qui n’en compte que trois, elle est encore plus mise en valeur que dans son précédent. Marcus Malte a le don de créer des ambiances fortes du début à la fin de ses textes. Il subjugue le lecteur et le ravit. Je n’ai même pas envie de vous décrire le contenu de ces trois nouvelles. Je vous dirai seulement qu’elles sont intenses, troubles et très prenantes. Toute la nuit devant nous est une excellente entrée en matière dans l’univers de Marcus Malte qui comprend tout de même plus d’une dizaine d’ouvrages. Il était temps qu’on le découvre.
En terminant, j’aurais juste envie de vos parler du dernier Laurent Gaudé, mais je ne l’ai pas encore fini.
L’art du kidnapping. Christian Rioux.
CET ARTICLE S’EST MÉRITÉ LE PRIX JUDITH JASMIN DANS LA CATÉGORIE OPINION, DÉCERNÉ PAR LA FÉDÉRATION PROFESSIONNELLE DES JOURNALISTES DU QUÉBEC (FPJQ)
Le Devoir
vendredi 9 mai 2008
« Dans la catégorie Opinion, le prix Judith-Jasmin est attribué à Christian Rioux du Devoir pour « L’art du kidnapping »
« Pour le jury, ce texte est un véritable bijou tant au point de vue de la forme que du fond. L’auteur a su démontrer avec brio, érudition et conviction, et dans un français absolument impeccable, l’habile manoeuvre du gouvernement fédéral visant à détourner à son profit le 400e anniversaire de Québec. Les juges ont accordé une note parfaite à ce texte qui démonte le stratagème politique en utilisant superbement l’analogie du kidnapping. Ce texte d’opinion, exemplaire en son genre, constitue un régal pour l’intelligence ! » Texte du jury de la FPJQ, 2008
Ce n’est pas tous les jours qu’on assiste à un kidnapping. J’utilise volontairement le mot anglais, car le français n’a pas le même éclat. « Enlèvement » fait tout de suite penser à l’enlèvement de la neige ou des ordures. Mais le kidnapping recèle pour ainsi dire un parfum de mystère. Des kidnappings, il y en a eu des grands, des sordides et des célèbres. Pensons au rapt des Sabines, qui provoqua une guerre à Rome et dont Picasso fit un tableau magnifique. Pensons à Malraux qui rêvait de kidnapper Trotski pour le libérer de sa prison stalinienne. Le mot anglais évoque l’enlèvement des esclaves pour les faire travailler dans les plantations du Sud. Il souligne le vol des enfants (kids), qu’il fallait attirer par mille et un subterfuges. Car le kidnapping est un art complexe. Pour kidnapper quelqu’un, il faut d’abord s’en approcher subrepticement, l’appâter et parfois même le séduire. Chacun sait que la victime développe souvent par la suite une relation ambiguë avec son ravisseur, une sorte de soumission mêlée de sympathie morbide. Le kidnapping est affaire d’experts. Ne devient pas kidnappeur qui veut.
Le kidnapping dont il est question ici n’a ni le charme ni la volupté des précédents, mais il ne manque pas d’intérêt non plus. On peut kidnapper des personnalités, mais on peut aussi kidnapper des idées. On peut même kidnapper des pans entiers d’histoire.
Il y a 400 ans, des aventuriers un peu fous sont partis de Honfleur pour fonder une ville de l’autre côté de l’Atlantique. Parmi cette bande de fêlés se trouvait un certain Samuel de Champlain qui, avec l’aide de quelques autres, fonda Québec en 1608. De ce geste mémorable a découlé l’histoire de tout un peuple. Celui-ci n’existerait pas sans l’intelligence de ces précurseurs qui avaient eu l’intuition sublime qu’en s’établissant là où le fleuve se rétrécit, ils pourraient contrôler l’accès à tout un continent. Et, comme de fait, jusque vers 1800, ce sont ces habitants, plus tard appelés Canadiens, Canadiens français et Québécois, qui ont contrôlé l’accès aux Grands Lacs et aux fleuves qui menaient jusqu’en Louisiane et aux Rocheuses.
Mais voilà que quelques kidnappeurs habiles ont récemment entrepris de ravir aux descendants de cette bande d’aventuriers cette belle histoire qu’ils avaient toujours été les seuls à se raconter de génération en génération. Ceux-ci ont même entrepris d’en faire le moment fondateur d’un pays nommé Canada, pourtant apparu 250 ans plus tard et devenu véritablement indépendant au cours de la première moitié du XXe siècle.
Voilà en effet la sornette qu’est venue raconter cette semaine aux Français la gouverneure générale du Canada, Michaëlle Jean. Son excellence semble d’ailleurs elle-même tellement en manque de racines historiques qu’elle pousse la farce jusqu’à faire remonter l’origine de sa propre fonction… à Champlain. Comme si l’aventurier de Brouage s’était subitement métamorphosé en lectrice de nouvelles de Radio-Canada.
L’affaire est d’autant plus cocasse qu’il y a quelques années à peine, les Français avaient vu débarquer chez eux un premier ministre canadien nommé Jean Chrétien qui leur avait raconté une tout autre histoire. Celui-ci avait expliqué avec moult exemples que l’Amérique française n’était pas née en 1608 à Québec mais bien en 1604 à Port-Royal, cette colonie mort-née de la Nouvelle-Écosse. La fondation de Québec était donc une peccadille, un détail de l’histoire, pourrait-on dire. Cependant, comme les grandes festivités nord-américaines qui avaient été spécialement conçues pour faire de l’ombre à celles de Québec firent long feu, il fallut bien récrire de nouveau le manuel d’histoire.
If you can’t beat them, join them. Il aura fallu l’intelligence de Stephen Harper pour que le révisionnisme historique atteigne un nouveau sommet. Le kidnapping exige une préparation minutieuse. Celui dont nous parlons a été conçu dès le sommet de la Francophonie tenu à Bucarest en septembre 2006. C’est là, devant votre humble serviteur, que le nouveau premier ministre avait affirmé pour la première fois que le français a été « la langue fondatrice du Canada » et que « la fondation de Québec marque aussi la fondation de l’État canadien ». En 1608, il n’y avait pas l’ombre d’un État français en Nouvelle-France puisque Champlain et son commanditaire, Pierre Dugua de Monts, étaient en quelque sorte des entrepreneurs privés (le régiment de Carignan n’est arrivé qu’en 1665). Mais qu’on se le dise, il y aurait eu un « État canadien », probablement caché quelque part dans les bois.
Le projet allait prendre corps lors du voyage qu’a fait Stephen Harper en Australie l’an dernier. Ironie du sort, c’est dans cette ancienne colonie pénitentiaire où furent déportés 58 Patriotes de 1837-38 que le premier ministre avait tenu à répéter que « le Canada est né en français, à Québec, il y aura 400 ans ». Ce n’était pourtant pas l’opinion des Thibert, Longtin, Morin, Paré, Laberge et Dumouchelle, exilés en 1840 sur la péninsule de Longbottom, près de Sydney.
La gouverneure générale Michaëlle Jean, qui achève ces jours-ci une mission en France, a décidé de pousser la supercherie encore plus loin. Il s’agit cette fois-ci de convaincre non plus les Québécois mais les Français eux-mêmes qu’ils n’ont pas fondé la Nouvelle-France en 1608 mais bien l’unique monarchie de toutes les Amériques, un beau et grand pays multiculturel appelé Canada.
La boucle est maintenant bouclée ; le piège peut se refermer.
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Tout l’art du ravisseur tient évidemment dans la manière de séduire sa proie. Quoi de plus flatteur pour les Québécois que de se faire dire qu’ils ont fondé le Canada tout seuls comme des grands ? Et en français en plus ! Pour peu, ils en oublieraient toutes les leçons qu’ils ont apprises à la petite école.
Si le kidnapping réussit, les Québécois pourront se flatter la bedaine en racontant partout qu’ils ont fondé le Canada. Certains Québécois semblent d’ailleurs déjà atteints du syndrome de Stockholm. En pratique, l’opération permettra de passer à la trappe 250 ans d’histoire. Une histoire qui a non seulement façonné un peuple distinct mais qui est la seule à permettre de comprendre que ce peuple a existé avant le Canada et qu’il pourrait bien un jour exister sans lui.
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crioux@ledevoir.com
Claude Morin réagit et recommande…
Bonjour Denis,
Quelques lignes de ton blogue du 1 décembre rejoignent une de mes préoccupations. Parlant des fusions municipales dans la région de Québec, tu écris : «Personnellement, c’est la perte d’un patrimoine toponymique qui m’a fait le plus mal. Beauport, Sillery, Cap Rouge, Charlevoix, Ste-Foy, etc. sont des noms chargés d’histoire. Il y avait une façon de les conserver. Des modèles existent ailleurs.»
Là-dessus, je suis du même avis que toi. J’ajouterais cependant que cette nonchalance toponymique, si je peux m’exprimer ainsi, vient certes en partie de réflexes technocratiques, mais, en grande partie aussi, d’une méconnaissance généralisée des faits historiques et de leur influence sur des situations que le Québec vit tous les jours, ce dont, me semble-t-il, trop de gens sont peu conscients. C’est comme si une mode actuelle post-historique (chez quelques intellectuels, cette mode frise parfois le snobisme) stipulait que les événements courants n’avaient pas d’antécédents et qu’on peut d’autant mieux édifier l’avenir qu’on néglige ce qui a construit le présent. J’ai noté cette attitude dans un domaine que je connais particulièrement : les relations Québec-Canada. On en est au point où il faut maintenant expliquer des faits qui devraient pourtant être installés, tels des points de repère, dans la mémoire collective d’un peuple comme le nôtre. Il est vrai que ce vide, cet oubli, convient à certains politiciens…
L’ignorance de l’histoire n’est pas seule à masquer des enjeux de société. On peut en dire autant de celle de la philosophie. Bien des gens, la majorité en fait, tiennent pour acquis que les notions tirées de la philosophie et l’apport des grands penseurs à notre civilisation n’ont que peu de portée, sinon aucune, sur les choix qui incombent à ceux qu’on appelle les «décideurs», politiques et autres.
À cet égard, je me permets de te signaler, ainsi qu’aux lecteurs de ton blogue, le livre En quête de sens de Jean Laberge (Les Éditions Logiques) qui m’a plu à tous égards. Il n’est pas très long. Je l’ai lu presque d’une traite. Dans Le Devoir du 22 novembre dernier, Louis Cornellier en a fait une recension qu’il vaut la peine de consulter.
Vers la fin de mon cours classique (1942-1950, ce n’est pas hier…), j’aurais souhaité disposer d’un ouvrage comme celui-là. Qui aurait montré comment les notions de philosophie qu’on nous enseignait au Séminaire de Québec pouvaient s’appliquer à des situations courantes en faisant mieux saisir les enjeux en cause, en clarifiant des problèmes et en expliquant que des situations, à première vue simples, présentent en fait des aspects complémentaires ou contradictoires qu’il convient d’évaluer avant de juger ou d’agir. Un ouvrage qui aurait dévoilé le côté «pratique» de la philosophie. Sauf erreur ou défaut de mémoire, un tel outil intelligent n’existait pas.
Cet ouvrage, Jean Laberge l’a écrit.
Salutations amicales,
Claude Morin
PDL 2009: mon analyse
Dans la catégorie québécoise, la liste préliminaire de cette année, avec tous ces titres à découvrir, est le prolongement logique de celle de l’an dernier. Nous retrouvons encore ce beau mélange de maisons d’éditions émergentes et établies. Le panorama d’auteurs suit également cette tangente. Plusieurs d’entre eux s’imposent de titres en titres (Michel Vézina, Véronique Marcotte, Catherine Mavrikakais, Marie-Andrée Lamontagne, Éric Dupont, Stéfanie Meunier et la toujours excellente Aki Shimazaki). Sinclair Dumontais et Mathieu Arsenault, même s’ils sont moins connus, pourraient également faire partie de cette énumération. Reste quelques plumes nouvelles qui visiblement se démarquent.
Cette sélection, loin d’être prévisible, montre à quel point notre littérature est bien vivante, forte et en plein essor. Vous n’avez pas idée à quel point la littérature québécoise sera belle à lire d’ici quelques années!
Côté étranger, outre Les années d’Annie Ernaux, Pierre de patience d’Atiq Rahimi et La route de Cornac McCarthy, la sélection nous invite à la découverte. Elle offre un bel éventail de la production internationale.
Bref, une belle liste qui nous sort des sentiers battus.
Puisqu’on m’incite à me mouiller, voici les cinq titres de chacune des deux catégories que je verrais dans la sélection finale:
Québécois
Tout m’accuse de Véronique Marcotte (Québec-Amérique)
La Deuxième vie de Clara Onyx de Sinclair Dumontais (Hamac)
Le ciel de Bay City de Catheirne mavrikakis (Héliotrope)
Et je te demanderai la mer de Stéfanie Meunier (Boréal)
Zakuro d’Aki Shimazaki (Actes sud/Leméac)
Étranger
Les années d’Annie Ernaux (Gallimard)
Toute la nuit devant nous de Marcus Malte (Zulma)
Le bonhomme de neige de Jo Nesbo (Gallimard)
Pierre de patience d’Atiq Rahimi (P.O.L.)
Effigie d’Alissa York (Alto)
Prix des libraires du Québec 2009: liste préliminaire
Je l’attends toujours plus que les autres celle-là par attachement sentimental. Elle est sortie aujour’hui. Vous me direz ce que vous en pensez. Je commenterai dans un prochain billet.
Voici ce que ça donne :
Liste préliminaire du Pirx des libraires du québec 2009
Catégorie « Roman québécois »
Uns, Marie-Andrée Lamontagne et Philippe Borne (Leméac)
Vu d’ici, Mathieu Arsenault (Tryptique)
La deuxième vie de Clara Onyx, Sinclair Dumontais (Septentrion)
Bestiaire, Éric Dupont (Marchand de feuilles)
Matamore no 29, Alain Farah (Le Quartanier)
Du bon usage des étoiles, Dominique Fortier (Alto)
Tout m’accuse, Véronique Marcotte (Québec Amérique)
Le ciel de Bay City, Catherine Mavrikakis (Héliotrope)
Et je te demanderai la mer, Stéfani Meunier (Boréal)
Sortie côté jardin, Patrick Servant (Amérik Média)
Zakuro, Aki Shimazaki (Actes Sud)
La Machine à orgueil, Michel Vézina (Québec Amérique)
Catégorie « Roman hors Québec »
Là où les tigres sont chez eux, Jean-Marie Blas de Robles (Zulma)
Les années, Annie Ernaux (Gallimard)
Suicide, Edouard Levé (P.O.L.)
Toute la nuit devant nous, Marcus Malte (Zulma)
La route, Cornac McCarthy (de l’Olivier)
Le bonhomme de neige, Jo Nesbo (Gallimard)
Nous sommes tous Kafka, Amat Nuria (Allia)
Seul le silence, Ellory R.J. (Sonatine)
Syngué sabour (Pierre de patience), Atiq Rahimi (P.O.L.)
Journée d’un opritchnik, Vladimir Sorokine (de l’Olivier)
Chaos calme, Sandro Véronesi (Grasset et Fasquelle)
Effigie, Alissa York (Alto)
Cassure ou Perte de repères toponymiques
Mes opinions ne plaisent pas beaucoup aux responsables du Soleil. Sans doute, cherche-t-on à protéger madame Marois!
Il me reste le refuge de mon blogue. Voici le texte soumis au Soleil dès vendredi le 28. J’avais cessé toute activité pour le préparer sur le champ.
« Il y a eu une cassure lors des fusions » avoue enfin madame Marois. C’était bien évident, mais il en a fallu du temps pour l’admettre! Seules Agnès Maltais et Christiane Gagnon avaient sauvé leur siège. Elles étaient toutes deux dans des comtés non touchés. Madame Boucher en avait profité pour se faire élire sans équipe, sans budget, sans programme, sans pancartes. À mon avis, même la victoire de M. Labeaume n’est pas étrangère à une rancœur dirigée contre Madame Bourget et son parti. Les changements ridicules de noms de rues avaient ajouté à l’irritation découlant des fusions.
Faute avouée, faute à demi pardonnée. Que doit faire le PQ pour regagner une confiance bêtement perdue. Il n’est évidemment pas question de revenir en arrière. Les chicanes étaient devenues insupportables et tout à fait nuisibles.
Non seulement il n’y a pas eu d’économies d’échelle, mais certains salaires ont explosé. Là non plus on ne reviendra pas en arrière, mais il me semble qu’ils doivent pris en considération dans les négociations actuelles. Secundo, les problèmes de la caisse de retraite sont ceux de l’ancienne ville. Tertio, déjà cette caisse faisait problème, Avec des prises de retraite plus hâtive et une espérance de vie plus longue, la solution n’est pas dans les négociations. Un gouvernement du PQ devrait s’engager à examiner ce problème.
Personnellement, c’est la perte d’un patrimoine toponymique qui m’a fait le plus mal. Beauport, Sillery, Cap Rouge, Charlevoix, Ste-Foy, etc. sont des noms chargés d’histoire. Il y avait une façon de les conserver. Des modèles existent ailleurs. À Québec, on a tout fait pour que même une chatte ne retrouve pas ses petits. Ces jours derniers, je remarquais une note sur un dépliant de la Ville de Québec : « Si vous ne savez pas dans quel arrondissement vous habitez…!!! » Eh oui. Les anciennes villes ont été charcutées et leur population répartie comme du bétail dans des arrondissements aseptisés. Exemple : on fait des fouilles archéologiques à coups de millions dans Cap Rouge, ville qui a été rayée de la carte et dont le nom n’a même pas pu être retenu pour un arrondissement. On a préféré « laurentien »!
Maintenant que le premier pas est fait, que madame Marois s’engage à revenir sur les questions d’aménagement. Après tout, pour faire un pays, il faut une population et aussi un territoire.
Andy Warhol live
Suis allé voir l’exposition Andy Warhol live au Musée des Beaux-arts de Montréal vendredi après-midi. La nuit d’avant avait été blanche et j’étais dans un état second. État parfait pour voir une telle expostion un brin décalée et déjantée.
Je ne pensais pas aimé autant le travail de ce créateur avant-gardiste hors pair. Pendant deux heures, j’ai été fasciné et surtout hypnotisé par son univers si riche. Andy Warhol est un artiste qui a contribué a repoussé les limites de l’art, la culture pop étant sa matière première.
L’exposition est construite de telle sorte qu’elle nous fait carrément pénétrer dans son monde coloré qui fait sourire. Ses oeuvres nous font également regretter de ne pas avoir été un acteur du milieu underground newyorkais tellement elles en témoignent si bien.
À la lumière de cette expostion, on constate à quel point Andy Warhol a su marquer et influencer son époque. Les années 60, 70 et 80 sont teintées de son travail.
C’est à vivre.
Vous avez jusqu’au 18 janvier 2009 pour vous rendre au Musée des Beaux-arts de Montréal.