Tous les articles par Eric Simard

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Alors que je venais de lui faire parvenir les réponses à ses questions pour son site Le Passe-mot, Venise m’a fait remarquer que je n’avais fait encore aucune promotion de mon recueil de nouvelles sur mon propre blogue alors que l’information sur la sortie de mon livre (le 17 février prochain en librairie) circule sur Facebook. Toujours selon Venise, cette plate-forme devrait être au coeur de la promotion de mon nouveau livre.
Je pourrais lui donner raison en me mettant immédiatement à la tâche, mais je ne le ferai pas.
Ce n’est pas aussi simple pour moi.
Premièrement, vous avez dû remarquer que je suis beaucoup moins assidu pour nourrir cet espace culturel. C’est que je suis dans un creux. Faut dire aussi que depuis que je travaille à l’enseigne du Septentrion, mon rapport aux livres à changer.
Voilà pour l’explication de base.
Si on creuse un peu le sujet, je constate que, rendu à ma troisième publication, mes attentes ne sont plus les mêmes. J’en ai moins et je laisse plus facilement aller les choses. Concrètement, ça signifie que je ne ressens pas le besoin de parler de mon processus de création sur mon blogue ni d’utiliser ce dernier à des fins promotionnelles (je ne suis pas convaincu que ce soit le meilleur moyen de toute façon). J’ai comme un besoin d’être discret et de laisser aux autres le soin de parler de mon dernier recueil s’ils en ont envie.
Voilà comment je me sens.
Sur les conseils de Venise, je tenterai (j’ai bien dit tenterai) de vous tenir au courant du rayonnement de Être. Je suis curieux de voir la réaction des lecteurs. En ce qui me concerne, je n’ai aucune idée de la réception qu’il aura. C’est un sentiment nouveau pour moi par rapport à mon travail d’auteur que de me sentir comme ça. Je suis dans l’inespoir, c’est-à-dire que je ne suis pas dans une situation d’attente. Moins d’attentes = moins de déceptions.
J’aime être dans cet état.

Je jette mes ongles par la fenêtre

On ne peut pas dire que la couverture soit particulièrement belle ni que le titre soit particulièrement bien choisi. Pourtant, le recueil de nouvelles de Natalie Jean, lui, est très réussi. C’est plutôt dommage que ce qui donne accès au livre ne soit pas à la hauteur du texte. À mon avis, ça peut nuire à l’auteur. C’est-à-dire, empêcher des lecteurs de découvrir son talent. Car il s’agit bien de talent dans son cas.
Mine de rien, on entre dans son univers discrètement. On remarque rapidement que Natalie Jean aime s’attarder sur les détails du quotidien et les comportements subtils des êtres dans leur façon de vivre le monde. Après quelques nouvelles, on est surpris par la force des mots. Certaines phrases, qui semblent provenir de nulle part, provoquent une émotion vive difficile à réprimer. Ça nous fait cet effet jusqu’à la fin, toujours au détour d’une phrase en apparence banale.
En fait, ce n’est pas banal. Natalie Jean a une voix singulière et elle sait y mettre l’âme qu’il faut pour rejoindre la sensibilité du lecteur. Ce n’est pas sorcier en soi, mais peu d’auteurs en sont réellement capables. Et c’est là toute la différence.
Je jette mes ongles par la fenêtre est ma première belle découverte de 2009. Ça commence plutôt bien l’année, je trouve.

Mon palmarès 2008

Du côté de mes lectures, les années passent et ne se ressemblent pas. Cette année, je ne pourrais me restreindre à un top 10 tellement j’ai lu de bons livres. Je ne voulais pas faire de choix déchirants. Ça donne un top 17. Ce choix comprend deux titres pour la jeunesse.
Voici donc ma cuvée exceptionnelle de 2008:
1. Parades de Bernard Souviraa (de l’Olivier)
2. Les années d’Annie Ernaux (Gallimard)
3. On n’est pas là pour disparaître d’Olivia Rosenthal (Verticales)
4. Au pays de mes histoires de Michael Morpurgo (Gallimard jeunesse)
5. Replay de Ken Grimwood (Seuil)
6. La cité des jarres d’Arnaldur Indridason (Points policiers)
7. La porte des enfers de Laurent Gaudé (Actes sud)
8. Toute la nuit devant nous de Marcus Malte (Zulma)
9. Rêve d’amour de Laurence Tardieu (Stock)
10. Les hommes qui n’aimaient pas les femmes de Stieg Larsson (Actes sud)
11. Tout m’accuse de Véronique Marcotte (Québec-Amérique)
12. Beau rôle de Nicolas Fargue (P.O.L.)
13. Compter jusqu’à cent de Mélanie Gélinas (Québec-Amérique)
14. Philippe de Camille Laurens (Folio)
15. Autrement dit de Marie Cardinal (Livre de poche)
16. L’arbre du voyageur d’Hitonari Tsuji (Folio)
17. L’oiseau rouge de Denis Côté (Québec-Amérique jeunesse)
Une grosse mention spéciale à La Deuxième vie de Clara Onyx, Au passage et Enthéos, de superbes fictions de la collection Hamac que j’ai le bonheur de codiriger avec Adeline Corrèze.
Mon palmarès 2007
Mon palmarès 2006

Vrac de décembre

Voici un survol des livres lus récemment:
Syngué sabour (Pierre de patience), Atiq Rahimi (P.O.L.) : Premier roman écrit en français pour cet auteur afghan grâce auquel il vient de se mériter le prestigieux Prix Goncourt. Mérité? Certes. L’écriture est superbe, mais je n’ai pas été nécessairement ému par l’histoire de cette femme qui se confesse à son mari mourant. Confession qui devient un véritable playdoyer de libération pour la femme afghane. La fin laisse peprlexe mais elle est justifiée dans les circonstances. Un bon roman qui ne décevra personne ou très peu.
Peut-être une histoire d’amour, Martin Page (de l’Olivier): Si l’auteur de Comment je suis devenu stupide m’avait pour la première fois déçu avec la parution de On s’habitue aux fins du monde, la réconciliation a lieu avec Peut-être une histoire d’amour. Peut-être parce que c’est très Martin Page comme idée: le narrateur apprend sur le répondeur que Clara met un terme à leur histoire d’amour. Le hic, c’est qu’il ne connaît pas Clara ! Et là, c’est le commencement de la déroute pour lui. Plutôt que d’en faire une simple satire, l’auteur a réussi à créer une belle histoire douce amère.
Toute la nuit devant nous, Marcus Malte (Zulma) : Marcus Malte, que j’avais découvert il y a peu avec la lecture de Garden of love, est probablement ma découverte de l’année. Son écriture est tout simplement fabuleuse. Dans ce receuil de nouvelles, qui n’en compte que trois, elle est encore plus mise en valeur que dans son précédent. Marcus Malte a le don de créer des ambiances fortes du début à la fin de ses textes. Il subjugue le lecteur et le ravit. Je n’ai même pas envie de vous décrire le contenu de ces trois nouvelles. Je vous dirai seulement qu’elles sont intenses, troubles et très prenantes. Toute la nuit devant nous est une excellente entrée en matière dans l’univers de Marcus Malte qui comprend tout de même plus d’une dizaine d’ouvrages. Il était temps qu’on le découvre.
En terminant, j’aurais juste envie de vos parler du dernier Laurent Gaudé, mais je ne l’ai pas encore fini.

PDL 2009: mon analyse

Dans la catégorie québécoise, la liste préliminaire de cette année, avec tous ces titres à découvrir, est le prolongement logique de celle de l’an dernier. Nous retrouvons encore ce beau mélange de maisons d’éditions émergentes et établies. Le panorama d’auteurs suit également cette tangente. Plusieurs d’entre eux s’imposent de titres en titres (Michel Vézina, Véronique Marcotte, Catherine Mavrikakais, Marie-Andrée Lamontagne, Éric Dupont, Stéfanie Meunier et la toujours excellente Aki Shimazaki). Sinclair Dumontais et Mathieu Arsenault, même s’ils sont moins connus, pourraient également faire partie de cette énumération. Reste quelques plumes nouvelles qui visiblement se démarquent.
Cette sélection, loin d’être prévisible, montre à quel point notre littérature est bien vivante, forte et en plein essor. Vous n’avez pas idée à quel point la littérature québécoise sera belle à lire d’ici quelques années!
Côté étranger, outre Les années d’Annie Ernaux, Pierre de patience d’Atiq Rahimi et La route de Cornac McCarthy, la sélection nous invite à la découverte. Elle offre un bel éventail de la production internationale.
Bref, une belle liste qui nous sort des sentiers battus.
Puisqu’on m’incite à me mouiller, voici les cinq titres de chacune des deux catégories que je verrais dans la sélection finale:
Québécois
Tout m’accuse de Véronique Marcotte (Québec-Amérique)
La Deuxième vie de Clara Onyx de Sinclair Dumontais (Hamac)
Le ciel de Bay City de Catheirne mavrikakis (Héliotrope)
Et je te demanderai la mer de Stéfanie Meunier (Boréal)
Zakuro d’Aki Shimazaki (Actes sud/Leméac)
Étranger
Les années d’Annie Ernaux (Gallimard)
Toute la nuit devant nous de Marcus Malte (Zulma)
Le bonhomme de neige de Jo Nesbo (Gallimard)
Pierre de patience d’Atiq Rahimi (P.O.L.)
Effigie d’Alissa York (Alto)

Prix des libraires du Québec 2009: liste préliminaire

Je l’attends toujours plus que les autres celle-là par attachement sentimental. Elle est sortie aujour’hui. Vous me direz ce que vous en pensez. Je commenterai dans un prochain billet.
Voici ce que ça donne :
Liste préliminaire du Pirx des libraires du québec 2009
Catégorie « Roman québécois »
Uns, Marie-Andrée Lamontagne et Philippe Borne (Leméac)
Vu d’ici, Mathieu Arsenault (Tryptique)
La deuxième vie de Clara Onyx, Sinclair Dumontais (Septentrion)
Bestiaire, Éric Dupont (Marchand de feuilles)
Matamore no 29, Alain Farah (Le Quartanier)
Du bon usage des étoiles, Dominique Fortier (Alto)
Tout m’accuse, Véronique Marcotte (Québec Amérique)
Le ciel de Bay City, Catherine Mavrikakis (Héliotrope)
Et je te demanderai la mer, Stéfani Meunier (Boréal)
Sortie côté jardin, Patrick Servant (Amérik Média)
Zakuro, Aki Shimazaki (Actes Sud)
La Machine à orgueil, Michel Vézina (Québec Amérique)
Catégorie « Roman hors Québec »
Là où les tigres sont chez eux, Jean-Marie Blas de Robles (Zulma)
Les années, Annie Ernaux (Gallimard)
Suicide, Edouard Levé (P.O.L.)
Toute la nuit devant nous, Marcus Malte (Zulma)
La route, Cornac McCarthy (de l’Olivier)
Le bonhomme de neige, Jo Nesbo (Gallimard)
Nous sommes tous Kafka, Amat Nuria (Allia)
Seul le silence, Ellory R.J. (Sonatine)
Syngué sabour (Pierre de patience), Atiq Rahimi (P.O.L.)
Journée d’un opritchnik, Vladimir Sorokine (de l’Olivier)
Chaos calme, Sandro Véronesi (Grasset et Fasquelle)
Effigie, Alissa York (Alto)

Andy Warhol live

Suis allé voir l’exposition Andy Warhol live au Musée des Beaux-arts de Montréal vendredi après-midi. La nuit d’avant avait été blanche et j’étais dans un état second. État parfait pour voir une telle expostion un brin décalée et déjantée.
Je ne pensais pas aimé autant le travail de ce créateur avant-gardiste hors pair. Pendant deux heures, j’ai été fasciné et surtout hypnotisé par son univers si riche. Andy Warhol est un artiste qui a contribué a repoussé les limites de l’art, la culture pop étant sa matière première.
L’exposition est construite de telle sorte qu’elle nous fait carrément pénétrer dans son monde coloré qui fait sourire. Ses oeuvres nous font également regretter de ne pas avoir été un acteur du milieu underground newyorkais tellement elles en témoignent si bien.
À la lumière de cette expostion, on constate à quel point Andy Warhol a su marquer et influencer son époque. Les années 60, 70 et 80 sont teintées de son travail.
C’est à vivre.
Vous avez jusqu’au 18 janvier 2009 pour vous rendre au Musée des Beaux-arts de Montréal.

Salon du livre de Montréal 2008

Le Salon du livre de Montréal battra son plein du mercreid 19 au lundi 24 novembre.
De mon côté, j’y serai du mercredi 19 au dimanche 23 novembre.
Je vous donne donc rendez-vous au stand du Septentrion qui se trouve à l’intérieur de celui de Dimédia qui se trouve à être le numéro 474.

Autrement dit

J’ai découvert Marie Cardinal il y a une vingtaine d’années avec la lecture marquante de son livre Les mots pour le dire dans lequel elle a raconté sa psychanalyse. Je l’avais littéralement dévoré, ce livre et je le relirai probablement un jour peut-être pas si lointain.
J’avais lu ensuite La clé sur la porte et Comme si de rien n’était. Moins marquantes, ces lectures m’avaient tout de même plu.
Après une longue abstention dans son univers, j’ai eu envie de replonger dans ses mots si personnels qui expriment si bien la complexité de l’humain. J’ai sorti Autrement dit qui traînait dans ma bibliothèque depuis nombres d’années et, dès les premières lignes, l’effet Cardinal a opéré. Le même qu’il y a vingt ans.
Ce prolongement des Mots pour le dire, qui part d’un dialogue entre elle et Annie Leclerc, aborde tous ces sujets: la création, l’écriture, la femme, l’homme, la maternité, le couple, la mort, la maladie, l’enfance et toutes ces subtilités qui font ce que nous sommes.
Écrit au milieu des années 70, ce texte témoigne d’une époque moins révolue qu’on veut bien le croire. Certaines choses ne changent pas ou évolue très lentement. De toute manière, lorsque l’on sonde la profondeur de l’être humain, on touche à l’intemporel.
À sa façon, ce billet témoinge à son tour de l’importance du travail de Marie Cardinal, qui, tout comme celui d’Hervé Guibert, est sur le point de tomber dans l’oubli. Ce qui serait réellement dommage.