Ça faisait vingt ans que je voulais lire Le livre brisé de Serge Doubrovsky. Il traînait pourtant dans ma bibliothèque depuis tout ce temps. Chaque fois que je le prenais dans mes mains, je finissais par le remettre dans les rayons. Faut croire qu’il me faisait peur.
Dernièrement, l’envie de le lire m’a repris et j’ai sauté sur l’occasion. J’avais raison d’avoir peur. C’est costaud ce livre. Après Proust et sa recherche, c’est peut-être l’exercice de lecture le plus difficile que j’ai fait. Car croyez-moi, il s’agit vraiment d’un exercice de lecture. D’ailleurs, j’ai failli en abandonner la lecture après une centaine de pages (il en fait plus de 400). Je me suis dit que je n’avais pas attendu vingt ans pour en arriver là. Chose que je fais rarement, je me suis donc imposé de le terminer. Ça m’aura pris plusieurs semaines.
Le livre brisé (prix Médicis en 1989), c’est d’abord pour Doubrovsky la volonté de se raconter. Rapidement, Isle, sa femme du moment, s’en mêle. Elle le met un peu au défi de la mettre au centre de son projet. Ce qu’il fait. On assiste alors à un jeu dangereux entre eux deux. En cours de route, rongée par l’alcool, Isle meurt. La gageure prend une tournure tragique. C’est ça le livre brisé.
Dans un style unique, syncopé et déstructuré, Serge Doubrosvky dissèque son couple. Pour la petite histoire, c’est lui qui, à la fin des années 70, a créé le terme « autofiction ». Le livre brisé en est éloquent exemple.
Je ne peux pas dire que j’ai aimé cette lecture qui est plus souvent qu’autrement aride. Par contre, ce livre ne laisse pas le lecteur indifférent. Il est marquant en ce sens là. Je comprends pourquoi j’ai mis vingt ans avant de le lire et je ne regrette pas de l’avoir fait.
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Palmarès 2009 : lectures
Bon an mal an, les belles rencontres littéraires sont au rendez-vous. Avec Emmanuel Carrère en tête de liste avec deux titres et Leméac/Actes sud avec quatre, 2009 ne sera pas en reste. Pour une troisième année consécutive, on y retrouve un Arnaldur Indridason (je dois bien l’aimer on dirait !). On retrouve également un Geneviève Robitaille qui faisait bonne figure dans celui de 2007. Comme j’y travaille, j’ai préféré ne pas mettre de titres publiés chez Septentrion.
Sans plus tarder, voici la liste des dix titres qui ont fait ma joie cette année :
1. Un roman russe, Emmanuel Carrère (P.O.L.)
2. Brooklyn Follies, Paul Auster (Leméac/Actes sud)
3. Désamours, Geneviève Robitaille (Leméac)
4. La femme en vert, Arnaldur Indridason (Points/Seuil)
5. L’étrangleur de Cater street, Anne Perry (10/18)
6. Quartier lointain/Un zoo en hiver, Jiro Taniguchi (Casterman Écritures)
7. La renarde et le mal peigné, Pauline Julien et Gérald Godin (Leméac)
8. Les hommes en général me plaisent beaucoup, Véronique Ovaldé (Babel/Actes sud)
9. D’autres vies que la mienne, Emmanuel Carrère (P.O.L.)
10. Je jette mes ongles par la fenêtre, Natalie Jean (L’instant même)
Comme d’habitude, je serais curieux de connaître votre liste.
Mon palmarès 2008
Mon palmarès 2007
Mon palmarès 2006
Dans l’autobus
En décembre, j’ai opté pour le transport en commun pour me rendre au travail. Le grand avantage que ça représente pour moi, c’est le temps de lecture qui augmente grâce au trajet de 40 minutes que je dois effectuer pour l’aller et pour le retour. 80 minutes de bonheur par jour quand le livre est bon. Depuis trois semaines, j’ai été chanceux dans mon choix de lecture car deux des trois livres lus dans l’autobus ont été de véritables coups de coeur.
Les Jumelles de Highgate, Audrey Niffenegger (Oh ! éditions)
Dès les premières pages, à la fois à cause de la traduction et du contenu, je savais que ce nouveau roman d’Audrey Niffenegger n’égalerait pas tout le bonheur que j’ai eu à lire son impressionnant Le Temps n’est rien. Mon intuition ne s’est hélas pas trompée. Avec Les Jumelles de Highgate, elle a trop voulu suivre de pistes et de personnages en exploitant une autre facette du surnaturel. Ici, le voyage dans le temps (Le Temps n’est rien) fait place à la notion de fantômes. Si le thème était extrêmement bien exploité dans le premier, on ne peut pas en dire autant dans ce dernier. Elle évite à peine les clichés des histoires de fantômes et sa trame, trop alambiquée, tombe à plat. On ne s’attache pas aux personnages et on n’est que très peu partie prenante de l’action. Pourtant, elle avait tout pour arriver à ses fins. Selon moi, la dimension fantomatique est l’élément de trop dans ce roman. Rendez-vous raté donc. Dommage car j’attendais ce nouveau Niffenegger depuis longtemps.
Brooklyn Follies, Paul Auster (Actes sud)
J’ai appris à aimer Paul Auster avec le temps. Je trouve que ses livres sont des oeuvres de maturité qu’on ne peut qu’apprécier davantage à mesure que nous avançons en âge. Ils deviennent alors un écho de notre propre vie. Il y a quelques années, à sa sortie, La Nuit de l’oracle m’avait complètement fasciné et impressionné. J’ai encore en mémoire une scène très forte qui n’est pas prête de quitter mon esprit. En me plongeant dans Brooklyn Follies dernièrement, je ne m’attendais pas à ce que ce livre me fasse autant d’effet car on m’avait dit que c’était un Auster léger. Je ne suis pas d’accord. Il n’a peut-être pas la profondeur existentielle et métaphysique de ses oeuvres phares, mais quel roman puissant ! C’est un livre qui célèbre la vie, rien de moins. C’est touchant du début à la fin. C’est beau, c’est bon et encore plus. Un grand roman. Si vous ne connaissez pas l’univers de Paul Auster, ce serait un très bon titre pour le découvrir.
L’Étrangleur de Cater Street, Anne Perry (10/18)
Ça faisait des années que je voulais lire du Anne Perry pour deux raisons. La première : la gérante chez Pantoute où je travaillais m’en parlait souvent (c’était une invétérée). La seconde : savoir que l’auteure de ses romans policiers victoriens n’était nulle autre que le personnage incarnée par Kate Winslet dans Heavenly Creatures augmentait ma curiosité. Par hasard, je suis tombé sur L’Étrangleur de Cater Street qui est le tout premier qu’elle a écrit. Je dois vous dire que j’ai succombé au charme de l’univers très anglais qu’elle a créé. Elle ne révolutionne pas le genre, mais ça se lit avec énormément de plaisir. C’est plus victorien que policier mais il plaira aux deux publics. Je ne tarderai sans doute pas avant d’en lire un autre de cette auteure que je vous recommande fortement.
D’autres vies que la mienne
En ce moment, Emmanuel Carrère est l’écrivain qui m’intéresse le plus. Ça faisait longtemps que je n’avais pas entretenu un tel rapport avec l’univers d’un auteur. C’est la lecture d’Un roman russe qui a tout déclenché ça cet été. Cette lecture m’a tellement fasciné qu’elle est encore très présente à l’intérieur de moi comme une flamme vive qui ne diminue pas. Au risque de me répéter, il y a tout ce que j’aime dans ce livre. À un point tel que j’aurais aimé pouvoir l’écrire.
D’autres vies que la mienne, que je viens de finir de lire, ne fait que raviver cette flamme qui brûle en moi. Moins solide qu’Un roman russe, il n’en demeure pas moins que les thèmes abordés, et surtout la façon qu’ils le sont, donnent à ce roman une force évocatrice peu commune en littérature. En tournant la dernière page, comment ne pas être ému ?
L’écriture d’Emmanuel Carrère a une force de frappe inégalée et presque inégalable. Jamais il ne tombe dans la facilité. Ses mots transpirent la vérité. Ils sont toujours portés par une structure narrative solide qu’il maîtrise extrêmement bien. Quand on le lit, c’est toujours un condensé d’intensité.
En tant qu’auteur, Emmanuel Carrère est en train de devenir un modèle pour moi. Il m’inspire, me stimule et, malgré mes doutes, m’incite à poursuivre ma petite oeuvre littéraire discrète et sincère que j’ai commencée il y a quelques années.
Dans mon salon #1
Une partie de ma tâche chez Septentrion consiste à m’occuper des divers salons du livre du Québec, ce qui m’amène à faire ma petite tournée annuelle à travers les différentes villes qui les accueillent. J’aime beaucoup cet aspect de mon travail car il me permet, le temps de quelques jours, de renouer avec mon ancien métier de libraire grâce à ce contact direct avec le public. Il me permet également de faire d’agréables rencontres qui se renouvellent d’événement en événement de sorte que chaque salon est à la fois semblable et différent.
Le côté semblable se situe du côté de ce qu’on propose aux visiteurs où se côtoie le meilleur comme le pire du milieu de l’édition. Depuis quelques années, il s’est développé une catégorie de fabriquants de livres qui profite des salons pour faire de la sollicitation agressive afin de vendre leurs produits pas toujours dignes d’un travail éditorial respectable. Ces éditeurs à la gomme utilisent toutes les techniques de vendeurs de balayeuses pour hameçonner les clients crédules. Ce qui est vraiment navrant, c’est que souvent ça fonctionne. Fort de leur succès de la vente immédiate, ces petits « kings » de bas étage finissent par se prendre au sérieux. On les voit se pavaner dans les allées la tête haute l’air de se dire qu’on a rien compris quant à la façon de vendre un livre. Lorsqu’ils daignent s’intéresser aux livres des autres, c’est pour mieux essayer de vendre les leurs.
C’est l’aspect des salons qui me pue le plus au nez, surtout que le grand public n’y voit que du feu. Le livre méritera toujours un meilleur traitement que celui-là.
Bannir ces vendeurs du temple est impossible. Les salons en ont malheureusement besoin pour faire leur frais car les bons éditeurs n’ont pas toujours les moyens et la structure pour être présents dans chacun de ces événements. Il faut apprendre à vivre avec en ne leur donnant aucune importance et se concentrer sur ce que nous avons nous à offrir au public. Des livres, il y en a pour tous les goûts, et les nôtres, chez Septentrion, finissent par rejoindre leurs lecteurs sans que nous ayons à leur tordre un bras pour qu’ils les achètent.
J’ose croire qu’ils sont davantage satisfaits.
Inspirant Japon
J’ai commencé à m’intéresser à la littérature japonaise il y a plusieurs années déjà après avoir lu Geisha d’Arthur Golden (comme quoi la littérature populaire peut avoir du bon). Ce roman m’avait assez intrigué pour que je veuille en connaître davantage sur cette fascinante culture. Depuis, je continue mes explorations à travers la littérature contemporaine japonaise en y revenant régulièrement. Les titres japonais que j’ai lus ne sont pas tellement considérables, mais ils me permettent d’avoir une bonne base. Yoko Ogawa, Hitonari Tsuji et Aki Shimazaki n’ont maintenant plus de secret pour moi.
Cette bonne base me permet actuellement de travailler deux projets de front sur le Japon, avec deux auteurs différents, pour le compte de la collection Hamac. L’un est un recueil de nouvelles à la japonaise écrit par un Québécois. Le résultat sera tout à fait à la hauteur de ce que l’on retrouve habituellement dans la littérature nippone. Les sceptiques seront même confondus. L’autre sera un carnet de voyage d’une Québécoise qui a séjourné au Japon plusieurs mois. Elle nous offre sa passion en nous faisant découvrir ce pays atypique. Un Japon 101 fort sympathique et instructif.
Ces deux projets me ramènent évidement à cette littérature que j’aime tant. Dernièrement, pour la première fois, je me suis plongé dans les romans graphiques de Jiro Taniguchi. J’ai lu Un zoo en hiver et les deux tomes de Quartier lointain. Deux oeuvres inspirées de sa jeunesse pleines de sensibilité et d’âme. Un vrai régal. Je veux lire tout ce qu’il a fait. Dans cette même veine, je me suis laissé tenter par la superbe couverture du recueil de nouvelles Saules aveugles, femmes endormies de Haruki Murakami. Bien que la plupart des nouvelles tombent à plat, une fois qu’on accepte cet état de fait, comme à l’habitude la touche Murakami fait son travail du début à la fin.
Des fleurs pour Cohen
Ceci est un appel de textes pour un nouveau projet né de la belle idée de Charles Quimper.
Dès l’automne 2010, une fois par an, la collection Hamac fera paraître un recueil de textes inédits de différents auteurs à qui nous demanderons de s’inspirer de l’univers d’un artiste d’ici ou d’ailleurs.
Le premier recueil sera consacré à Leonard Cohen. Pourquoi Cohen ? Tout simplement parce que nous l’aimons. Nous croyons que la carrière musicale de celui-ci éclipse trop souvent sa vaste contribution au paysage littéraire pancanadien. Leonard Cohen nous appartient collectivement, au même titre qu’Anne Hébert, que Gabrielle Roy, que Gilles Vigneault ou que Mordecai Richler. Nous croyons qu’il est grand temps que les auteurs d’ici s’approprient son œuvre et le célèbrent enfin comme poète, comme romancier, comme parolier.
Ce projet nous trottait en tête depuis un moment déjà, mais n’ayant que tout récemment obtenu l’approbation de l’équipe de Monsieur Cohen, ce n’est qu’aujourd’hui que nous nous lançons hardiment dans l’aventure.
Si l’œuvre de Leonard Cohen vous inspire, vous pouvez dès maintenant vous mettre à la tâche dans le but de soumettre un texte par la suite. Ils peuvent prendre l’une des quatre formes suivantes : nouvelle, poésie, théâtre ou art graphique (dimensions 5″ x 7,5″). Il n’y a aucune contrainte de mots en autant que la longueur soit raisonnable.
La date limite a été fixée au 31 janvier 2010.
Seuls les textes imprimés seront considérés. Il faut les faire parvenir par la poste en une seule copie à l’adresse suivante :
Les éditions du Septentrion
1300, av. Maguire
Québec (Québec)
G1T 1Z3
Un temps fou
Pour la quatrième fois, je me suis laissé prendre par l’univers de Laurence Tardieu. Pourtant, d’un livre à l’autre, c’est une variation sur un même thème : les rapports entre les êtres qui, la plupart du temps parlent d’amour. Elle nous surprend chaque fois car l’angle de l’intime est toujours différent. Elle pousse toujours plus loin l’observation du quotidien. Elle le décortique. Souvent au « je », un « je » qui est une autre en même temps le sien. C’est encore plus frappant dans Un temps fou. Elle nous donne l’illusion qu’elle nous raconte sa propre vie. L’illusion est parfaite. Ce titre m’a rappelé Ni toi ni moi de Camille Laurens.
Un temps fou est une histoire d’amour. De celle que l’on fabrique. Peut-être pas non plus. L’illusion, encore. Et ça fonctionne. Laurence Tardieu a l’art de nous ramener à notre propre histoire. C’est peut-être entre les lignes que ça se passe, subrepticement.
C’est ça la force de Laurence Tardieu : l’écriture.
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Un temps fou, Stock 2009
Rêve d’amour, Livre de poche 2009, Stock 2008
Puisque rien ne dure, Livre de poche 2008, Stock 2006
Le Jugement de Léa, Points 2007, Arléa 2004
Comme un père, Points 2008, Arléa 2002
Rentrée littéraire
Même s’il y a toujours trop de publications, j’ai toujours aimé les rentrées littéraires comme si elles annonçaient un avenir meilleur.
Évidemment, depuis que je travaille pour un éditeur, la rentrée littéraire a pris une autre signification. Mais je suis toujours autant excité de découvrir le programme éditorial des autres éditeurs. Curieux aussi de voir ce qu’ils auront à offrir.
Quand j’ai fait le saut du côté de l’édition, j’avais un peu peur de perdre une partie de ce plaisir. Mais il n’en est rien. Je dirais même que c’est peut-être encore plus intéressant. Ça se joue à un autre niveau. Mais revenons à l’essence excitante de cette rentrée et à une perspective plus personnelle : au lecteur que je suis et que je serai toujours.
Voici donc les dix titres qui retiennent mon attention en cet automne 2009 :
- La Vérité sur Marie de Jean-Philippe Toussaint (Minuit) : j’avais beaucoup aimé Faire l’amour et Fuir
- Ce que je sais de Véra Candida de Véronique Ovaldé (de l’Olivier) : je viens de la découvrir avec Les hommes en général me plaisent beaucoup et j’ai eu un véritable coup d’affection pour son écriture
- Peaux de chagrins de Diane Vincent (Triptyque) : Épidermes m’avait procuré beaucoup de plaisir. J’espérais une suite. Elle s’en vient.
- La double vie d’Irina de Lionel Shriver (Belfond) : Son Il faut qu’on parle de Kevin m’avait trop « flabergasté » pour que j’ignore cette seconde traduction.
- Le roman de l’été de Nicolas Fargues (P.O.L.) : La lecture de Beau rôle m’a convaincu de poursuivre ma découverte de cet auteur beau et surtout talentueux.
- Les ruines du ciel de Christian Bobin (Gallimard) : Régulièrement, j’ai besoin de me plonger dans la luminosité de son écriture. Ce nouveau Bobin tombe à point car ça faisait longtemps.
- Mais moi je dormais de Pierre Labrie (Trois-Pistoles) : Parce que je le connais. Parce que j’en ai envie.
- Rose Amer de Martine Delvaux (Héliotrope) : Une joie. Après avoir tant aimé C’est quand le bonheur ?, je pourrai enfin me replonger dans la force tranquille de son écriture.
- Âmes en peine au paradis perdu d’Hélène Rioux (XYZ) : Second volet d’une trilogie que j’attendais, celui de Mercredi soir au bout du monde.
- Paradis clef en main de Nelly Arcan (Coup de tête) : Plus qu’une curiosité pour moi. J’avais littéralement été happé par l’écriture de Putain et Folle. À ciel ouvert m’avait rendu sceptique. Ce nouveau titre est peut-être un rendez-vous ultime entre elle et moi.
En terminant, j’attire votre attention sur La Louée de Françosie Bouffière que j’ai eu la chance de diriger. Les amateurs de Sylvie Germain, Agota Kristof et George Sand (entre autres) apprécieront sans doute.
Sur ce, bonne saison littéraire !
Un roman russe
Un roman russe d’Emmanuel Carrère traînait dans mes livres à lire depuis sa sortie en 2007. Malgré tout le bien qu’on m’en disait, et malgré le fait que j’avais beaucoup aimé La classe de neige et L’adversaire, je ne me décidais pas à le commencer. Il aura fallu la sortie de son nouveau D’autres vies que la mienne (que je n’ai pas lu) pour que je me décide enfin.
Je viens tout juste d’en terminer la lecture et j’en suis tout tourneboulé.
Il y a longtemps que je n’ai pas autant été pris par un livre. C’est une autofiction de haut niveau dans laquelle viennent s’ajouter plusieurs trames narratives efficaces dignes des meilleures fictions. Emmanuel Carrère accroche le lecteur du début à la fin. C’est d’une intensité et d’une vérité rare. Ça vous prend aux tripes. Il faut plus que beaucoup de talent pour utiliser aussi bien le réel au service de la littérature car c’est bien de cela qu’il s’agit. Et c’est de la grande dans ce cas-ci.
Un peu comme pour Emmanuel Carrère et les raisons de son séjour en Russie, je ne me suis pas méfié et les dernières pages m’ont rentré dedans d’aplomb alors que je ne m’y attendais pas du tout.
Un roman russe trônera assurément en haut de mon palmarès 2009.
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Un roman russe, Emmanuel Carrère, P.O.L. (2007)